Exposición Arte rupestre en la Tierra de Arnhem (Austràlia)
2024
Hoja
[page-n-1]
Êtres ancestraux, magie et sorcellerie
connaître pour élargir son répertoire.
de communication visuelle est utilisée.
Pour rappeler les différents aspects de
Les artistes réaffirment leurs liens
Ces informations soulignent également
la création, on représente les esprits
ancestraux y compris dans le cadre des
combien il est difficile d’interpréter l’art
maléfiques, qui ont une apparence hu-
oeuvres artistiques qu’ils destinent à la
d’autres cultures en l’absence de ses
maine ou animale, quoique difforme,
vente au grand public.
créateurs ou de documents écrits.
et d’autres êtres ancestraux. L’art repré-
L’invasion de l’Australie par les Euro-
sente également des sortilèges amou-
d’oeuvres d’art pariétal; celles qui sont
péens a eu un impact majeur sur les
reux et des images de sorcellerie, aux
créées de nos jours respectent les tra-
modes de vie traditionnels. Mais le clas-
figures humaines, qui se caractérisent
ditions millénaires, notamment de par
sement de la Terre d’Arnhem en réserve
par des organes génitaux difformes et
l’utilisation de supports anciens (écorce
aborigène en 1932 a permis d’assurer
des positions ridicules, destinés à porter
d’arbre, bandes de bois, fibres végé-
une certaine continuité culturelle. Les
malheur à un individu.
tales, didjeridoo, peinture sur corps,
connaissances ancestrales continuent
On produit aujourd’hui peu
etc.) même si de nouveaux supports
à se transmettre aux nouvelles géné-
Vie quotidienne
font leur apparition (papier Arches, gra-
rations à travers les cérémonies, les
L’art rupestre dépeint également des
vures et tissus imprimés à la main).
danses, les chansons et les récits, qui
scènes de chasse ou d’activités du quo-
sont représentés graphiquement dans
tidien ainsi que des armes (propulseurs
l’art pariétal et sur d’autres supports.
de lance, lances et harpons), des objets
De nos jours, l’art illustre toujours les
ART RUPESTRE
D’ARNHEM
EN TERRE
des contextes dans lesquels cette forme
AUSTRALIE
fondateurs, connus sous le nom de
Nayuhyunggi, ont parcouru le territoire, façonnant le paysage et créant
la vie sur leur passage. Ils ont aussi
donné naissance à la population, conçu
ses langues, ses lois et ses pratiques
socioculturelles et religieuses. Une fois
la création terminée, ces êtres se sont
fondus dans le paysage sous forme
de rochers, de rivières, d’arbres ou de
peintures rupestres. De nos jours, ce
sont des lieux sacrés car ils abritent
encore les esprits ancestraux et leurs
La peinture rupestre de la partie occi-
pouvoirs. Pour les préserver et assurer
dentale de la Terre d’Arnhem compte
la survie de tous les êtres vivants, les
parmi les traditions les plus anciennes et
aborigènes entretiennent ces lieux au
pinceaux traditionnels, on a recours
offre une des collections les plus com-
moyen de cérémonies, de chants, de
à quelques innovations telles que les
plètes de l’histoire de l’humanité. Cette
danses mais aussi de l’art rupestre.
(sacs, paniers et outils) et des ornements
peintures acrilyques et la colle, qui
exposition nous permet d’en découvrir
histoires de la création et souligne leur
corporels qui ne sont pas toujours conser-
permet au pigment de mieux se fixer
la richesse et la complexité ainsi que le
préhension du Djang que s’acquiert
lien permanent avec le territoire. C’est à
vés dans les archives archéologiques et
sur l’écorce ou le papier.
rapport que cette peinture entretient
graduellement tout au long de la vie,
travers l’art que la population apprend
qui illustrent bien la richesse matérielle
avec la tradition, le paysage, la société et
que la survie humaine est assurée.
à connaître les esprits, les plantes, les
de ces populations et des changements
rains exposent en Australie et à l’étran-
animaux et les cérémonies. Il renseigne
qu’elles ont vécues au fil du temps.
ger. Certains se sont même forgé une
Outre les pigments, les liants et les
De nombreux artistes contempo-
Ce n’est par cette profonde com-
la culture aborigènes.
Cet art, d’une grande beauté, nous
À l’heure actuelle, l’art rupestre
extraordinaires qui témoignent de l’évo-
Les cérémonies remplissent un rôle
signifie bien plus qu’une source d’inspi-
lution, de l’histoire et des changements
LA COLONISATION DE L’AUSTRALIE ET
L’ORIGINE DE L’ART RUPETRE
essentiel dans la bonne formation des
ration pour les nouveaux artistes. C’est
environnementaux qu’ont vécus ces
Occuper l’Australie fut l’un des grands
multiples significations. L’interprétation
nouvelles générations, dans l’échange
un patrimoine qui permet de défendre
populations. Pour les aborigènes, l’art est
défis de l’humanité puisque pour
première repose sur l’identification,
des matières premières et des outils,
à long terme la protection de leurs “ter-
une fenêtre sur la culture, conçue durant
atteindre ce pays, il fallait naviguer en
par ceux qui peuvent les reconnaître,
dans les adieux aux défunts, dans la
ritoires” contre des forces politiques et
des millénaires comme le moyen de
pleine mer. De nos jours, le débat est
d’animaux, de sujets ou d’activités.
coutume des mariages arrangés ou dans
économiques très puissantes. Il contri-
transmettre de génération en génération
ouvert sur le caractère intentionnel
Mais une même peinture peut contenir
la commémoration du Djang. Par leur
bue également au développement d’un
traditions et croyances. Dans le domaine
ou accidentel (peut-être en raison des
des significations cachées que seuls les
représentation dans l’art rupestre, que
toursime culturel durable, source de
public, c’est un support visuel destiné à
vents de mousson) du premier peuple-
initiés comprennent. Parfois même, ces
ce soit à travers une scène réaliste ou à
revenus, et participe à la mise en
former les nouvelles générations ou à il-
ment et sur les routes de colonisation
significations ne sont accessibles qu’à
travers l’animal qui y est associé, le spec-
valeur de l’histoire et de la culture
lustrer des histoires pour enfants. Dans le
du territoire. Des analyses génétiques
l’artiste ou aux anciens de haut rang,
tateur est transporté dans le monde du
aborigènes.
domaine sacré, comme les rites d’initia-
récentes semblent indiquer que toute
ceux-là même qui sont les gardiens de
sacré et des rituels.
sur la vie quotidienne et donne à voir
réputation internationale.
des situations de la vie courante ou
Cérémonies
l’environnement naturel. Nombre de
peintures rupestres recouvrent de
donne accès à des archives visuelles
tion par exemple, c’est une ressource
la population descend d’une même mi-
la connaissance culturelle et des lois
Galerie Anbangbang
utilisée pour un enseignement plus
gration, suffisamment importante pour
ancestrales.
La Galerie Anbangbang ex-
formel dispensé aux seuls initiés.
coloniser un territoire plus vaste que
Les abris sous roche peints offrent un
l’Europe. Cette occupation a eu lieu
ART ABORIGÈNE AU XXIE SIÈCLE
Les esprits Mimih
Les Mimih sont ces êtres de la création
qui ont appris aux Aborigènes tout ce
dont ils avaient besoin pour leur survie
ainsi que les différentes caractéristiques
des cérémonies. On estime que ces
esprits vivent encore dans les rochers
mais qu’ils sont difficiles à voir. On les
représente à travers des peintures et
des sculptures,
De nos jours, art et artisanant sont
encore étroitement liés aux traditions
rupestres du passé et au Djang, système
de croyances culturelles de ces populations. Artistes et artisans suivent toujours
des protocoles stricts qui établissent ce
que chaque artiste peut peindre ainsi
qu’un système traditionnel d’apprentissage qui guide l’artiste en formation
à travers les récits culturels qu’il doit
MUSEU DE PREHISTÒRIA DE VALÈNCIA
pose des peintures rupestres
entre 65000 et 50000 années environ.
parmi les plus emblématiques
récit en images sur le temps de la créa-
d’Australie. Elle a été fondée
tion mais aussi sur la vie quotidienne.
pendant les années soixante par
Le Djang, terme d’origine autochtone
le Nord pour se répartir sur l’ensemble
deux grands artistes, Nayombolmi
traduit de manière approximative en
du continent. Ils se sont adaptés à des
y Djimongurr. La scène représente
anglais par Dreaming (Temps du Rêve),
espaces environnementaux divers grâce
un manifeste de ces artistes face aux
recouvre les images, les croyances et
à des stratégies sociales et de fourrage
incursions sur leurs terres : notre loi
les pratiques socioculturelles qui y sont
variées. C’est leur activité de chas-
est toujours bien présente, nos an-
associées, comme les cérémonies, les
seurs, de cueilleurs et/ou de pêcheurs
cêtres sont toujours bien présents
danses, les récits et les chansons. Le
nomades ou semi-nomades qui leur ont
et notre peuple est toujours
Djang renvoie aux croyances, aux valeurs
permis de survivre jusqu’au XXè siècle.
bien présent.
et aux systèmes de connaissances qui
C’est ainsi que l’Australie est devenue
structurent la vie sociale de ces groupes
un continent de la diversité, aux den-
et qui jettent un pont entre le passé et
sités de population, aux traditions, aux
le présent. Dans le passé, les ancêtres
langues, aux pratiques socioculturelles
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Les premiers colons sont arrivés par
[page-n-2]
et à la culture matérielle diversifiées.
ditions, les langues et même les formes
coupe en six saisons, qui conditionnent
pteridifolia). Les abeilles autochtones
et même les matériaux employés
ou échangés avec d’autres groupes.
Par exemple, on y parlait quelque 250
d’expression artistique diffèrent. Ces
leur vie et leur mobilité. Elles ne com-
les pollinisent. Le moment est venu de
permettent aux artistes d’entrer en
Les pigments sont réduits à l’état de
langues en 1978. La diversité régio-
groupes sont aussi distincts les uns des
mencent ni ne se terminent en même
récolter Mankung, le miel.
communion avec leur terre natale, leurs
poudre sur des dalles ou à même le
nale de styles et de techniques d’art
autres que ne le sont les Espagnols des
temps mais en fonction des change-
ancêtres et le Djang.
sol de l’abris puis sont mélangés avec
rupestre témoigne également de nettes
Italiens, des Allemands ou des Danois.
ments climatiques et d’ événements en-
Kurrungou
Les pigments de meilleure qualité,
des liants, comme la graisse ou le sang
vironnementaux climatiques, tels que la
Voici venue la saison chaude et sèche,
les plus prisés et les plus échangés,
d’animaux et éventuellement d’êtres
floraison ou la fructification des plantes,
où l’air est imprégné du parfum des
revêtent une signification symbolique
humains, ou comme la sève de l’orchi-
ou bien du comportement éthologique
plantes à fleurs, comme Manboyberre
particulière ainsi qu’une histoire du
dée Dendrobium sp.
des animaux.
( Syzgium forte, communément appe-
Djang qui leur est associée et qui régle-
lé pomme blanche) et Mandjarduk (
mente même les droits d’extraction ou
Quelles couleurs utilisent-ils?
différences symboliques.
L’art de la Terre d’Arnhem remonte
illustre les changements culturels et
LES PAYSAGES DU TEMPS DES RÊVES
environnementaux qui se sont pro-
La Terre d’Arnhem et le Parc National
duits dans le temps. Ces 400 dernières
de Kakadu se situent sur un territoire au
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet
Syzgium suborbiculare ou pomme du
le moment propice à la cueillette.
Les couleurs de base sont le jaune,
années, les styles traditionnels ont
climat de mousson qui se caractérise
Août Septembre Octobre Novembre
buisson rouge). Commence alors la
Différents supports sont utilisés pour
karlbo, le blanc, selek, le rouge, kun-
été enrichis d’images témoignant des
par un régime pluvieux saisonnier, avec
Décembre
chasse aux oiseaux aquatiques, tels que
représenter le Djangse. Le plus connu
rodjbe, et le noir, kunjirrke, qui sont
rencontres avec des populations étran-
une saison humide et une saison sèche.
Manimunak (canaroie semipalmé), Ngal-
est l’art pariétal mais d’autres supports
utilisés selon le statut social de chacun.
gères (navigateurs indonésiens, explora-
Ses escarpements, son plateau de grès,
Kudjewk
mangiyi (tortue à long cou du Nord),
tels que de grandes bandes d’écorce
Au contact des Européens, on adopte
teurs européens, colons britanniques et
ses plaines inondables et ses maré-
La mousson, avec ses fortes précipita-
grâce à kawurluwurlhme kunak (pratique
d’arbre (Eucalyptus tetradonta), des
le bleu, obtenu à partir d’un savon (bleu
missionnaires). De nos jours, les abris
cages constituent un refuge essentiel
tions, provoque Kudjarr (inondations et
du brûlis) pour éliminer kundalk (herbes
morceaux de bois et la peinture sur
pour l’azurage du linge) provenant
sous roche constituent une sorte d’en-
pour la faune et la flore de la région
eaux vives) et Kunmayorrk (vents vio-
basses) et pour chasser Kedjebe (Ara-
corps servent également aux représen-
des blanchisseries des missions. On
cyclopédie illustrée de l’histoire et de la
et un espace de ressources précieux
lents). Les fruits sont abondants et Yuk-
fura filesnake, une espèce de serpent
tations artistiques dans des contextes
crée aussi des motifs en écrasant sur la
mythologie aborigènes.
pour les populations humaines. En
kuyyukku (la lumière des lucioles) clignote
marin) sur le rivage des lagunes.
publics ou lors de rituels sacrés. Dans
roche des boules ou des bandes de cire
outre, ces paysages abritent une galerie
pendant la nuit pour indiquer que les
ce cas, les oeuvres sont généralement
d’abeille.
Les chemins de colonisation
d’art unique en plein air, où l’on peut
fruits des arbustes peuvent être cueillis.
L’archéologie et la tradition orale abori-
contempler les chefs d’oeuvre de nom-
gène indiquent que l’Australie a été co-
breuses générations d’artistes évoquant
Bangkerreng
lonisée par le Nord. Il n’en demeure pas
la création, le Djang, la culture et les
moins que la date de sa colonisation et
traditions ancestrales.
à au moins 28.000 ans. Son évolution
les voies de pénétration empruntées
Les Aborigènes continuent à entre-
Kunumeleng
détruites après la cérémonie.
C’est la saison de kangolmarnburren,
Selon le groupe auquel les popula-
Avec quoi peignent-ils?
où l’humidité augmente; kunngol (les
tions aborigènes appartiennent, leur
La peinture s’applique avec les doigts
Les Nakurl (tempêtes causées par des
nuages) et kunmayorrk (les vents), qui
identité les assigne à des catégories qui
mais aussi avec des pinceaux faits de
ouragans), qui arrivent du Koyek (Est)
viennent de plusieurs directions, se
régissent leurs droits et leurs devoirs
fibres naturelles ou de cheveux ou c’est
aplatissent les Manbedje yirridjdja
rejoignent. Les animaux entendent le
au sein de la société. Leur filiation
une peinture d’impression. Pour créer
font débat. Pour les Aborigènes, Yin-
tenir un lien particulier au territoire. Fi-
(herbes précoces). Les Manbedje duwa
kangurdulme (le tonnerre), signe du
détermine également les sujets qu’ils
des silhouettes de mains, de pieds et
garna, mère de la création, est arrivée
dèles à leurs connaissances ancestrales,
(herbes plus tardives) sont encore vertes
changement de saison. Namarrkon ka-
peuvent peindre, les couleurs qu’ils
d’objets, on pulvérise la peinture par
par la mer. Une fois sur la terre ferme,
ils associent la terre à tout ce qui y vit et
et continuent à pousser jusqu’à l’arrivée
mayhmayhke (les éclairs) indiquent que
peuvent utiliser, voire les proportions
la bouche; la salive se mêle alors à la
elle a planté des ignames et d’autres
racontent le passage des saisons mar-
de barra (pluies tardives). Le moment est
Ngalmangiyi (la tortue à long cou) et
et les figures qu’ils peuvent dessiner.
peinture pour faire partie intégrante de
aliments, a créé des puits à eau et ,avec
qué par les changements climatiques, la
venu de collecter les oeufs de canaroie
Kedjebe (le serpent marin) s’approchent
Les techniques de remplissage interne
l’œuvre. Le processus d’apprentissage
ses paniers, elle a donné naissance aux
floraison des plantes, l’hibernation des
semipalmé, Wirlarrk Manimunak, et de
du rivage et seront plus faciles à chasser.
(demi-cercles, losanges, lignes croisées,
implique la coopération de plusieurs
clans et aux langues.
reptiles, la migration des oiseaux, etc.
pêcher.
etc.) ne sont pas purement décoratives:
artistes sur un même motif.
Ils racontent également les exploits des
Flore et faune
elles sont le signe distinctif de l’appar-
Modes de vue et outils traditionnels
êtres de la création et les peignent, sous
Yekke
La flore et la faune sont essentielles
tenance à un clan. On les utilise égale-
Que nous disent ces peintures?
La Terre d’Arnhem a été habitée pen-
leur forme humaine ou animale, dans
La saison des pluies est terminée. La
dans l ‘alimentation et la mythologie
ment dans la peinture sur corps.
La tradition dicte non seulement le
dant 50.000 ans par différentes popula-
les lieux où ceux-ci habitent. Par des
baisse des températures et le vent qui
des Aborigènes. Certains animaux sont
tions aborigènes organisées en groupes
chansons, des danses, des récits oraux
souffle du Nord-Est à l’Ouest indiquent
le Djang ou le totem d’un clan, qui ne
Où peignent-ils?
elle impose aussi l’endroit où l’artiste
nomades qui se déplaçaient en fonction
et des cérémonies, ils commémorent
l’arrivée de la saison sèche. La présence
peut être chassé ni consommé par per-
Les populations aborigènes, qui pei-
doit commencer à peindre le motif. En
des ressources disponibles selon les
leurs actions et racontent les influences
de nombreuses djalangkarridjdjalangka-
sonne dans ce clan. Lors de certaines
gnaient traditionnellement sur les parois
outre, les trames utilisées pour remplir
saisons. Par conséquent, leur culture
bienveillantes ou maléfiques de ces der-
rridj (libellules) et la floraison de plantes
cérémonies, les Aborigènes adoptent
et les plafonds des abris sous roche
les figures, rarrk, qui se composent
matérielle, essentiellement constituée
niers. Ils rappellent aussi où et quand il
comme le Manbarndarr (Calytrix exstipu-
l’apparence de cet animal et en font
mais aussi sur les rochers en plein air,
de lignes parallèles ou croisées, de
de matériaux périssables, était rudi-
faut chasser, quelles règles il faut suivre
lata) et le Mandjedj j (Cochlospermum
des représentations artistiques.
ont ainsi donné naissance à l’art ru-
demi-cercles, de losanges, etc., per-
mentaire et facilement transportable.
pour trouver un partenaire, etc.
fraseri) sont le signe que la saison Yekke
pestre. Elles peignaient également sur
mettent de différencier les peintures
est arrivée.
l’écorce des arbres de leurs huttes. On
selon les différents clans.
La seule transformation du milieu qu’ils
La présence de multiples couches
style et les sujets représentés mais
opéraient reposait sur le brûlage sélectif
de peintures sur les parois d’un même
de la forêt.
abri signale l’importance sacrée qu’a ce
Wurrkeng
lieu, contrairement aux peintures, qui
Kunbonjdjek designe le climat frais,
Homogénéité culturelle?
sont remplacées par d’autres à mesure
LE PROCESSUS DE PRODUCTION
ARTISTIQUE
appelé koyek kunmayorrk quand les
Pour les Aborigènes, le processus de
ces populations décoraient des objets
Quand nous nous référons aux Abori-
qu’elles s’estompent.
vents soufflent de l’Est, De nombreuses
création artistique ne se limite pas aux
cérémoniels et leurs propres corps.
plantes fleurissent, comme Mandjalen (
techniques, aux matières premières
à nous représenter un groupe culturel
Les saisons
Eucalyptus miniata ou Eucalyptus à chair
ni aux outils. Il est synonyme de lien
Comment préparent-ils la peinture?
essentielles pour comprendre les signifi-
homogène. Or, il en existe des cen-
Pour les populations aborigènes de
laineuse), Manbordokorr (Eucalyptus
profond avec la culture. Les sujets re-
On utilise pour peindre des miné-
cations et les fonctions multiples de l’art
taines, dont les cultures, les lois, les tra-
cette région, le cycle annuel se dé-
tetrodonta) et Mandadjek (Grevillea
présentés, les lieux choisis pour peindre
raux naturels collectés dans la nature
aborigène récent ainsi que la variété
gènes australiens, nous avons tendance
utilisait également lors des cérémonies
les écorces, qui étaient détruites une
fois les cérémonies terminées. Enfin,
ETHNOARCHÉOLOGIE
ET ART RUPESTRE
Les informations ethnographiques sont
[page-n-3]
Êtres ancestraux, magie et sorcellerie
connaître pour élargir son répertoire.
de communication visuelle est utilisée.
Pour rappeler les différents aspects de
Les artistes réaffirment leurs liens
Ces informations soulignent également
la création, on représente les esprits
ancestraux y compris dans le cadre des
combien il est difficile d’interpréter l’art
maléfiques, qui ont une apparence hu-
oeuvres artistiques qu’ils destinent à la
d’autres cultures en l’absence de ses
maine ou animale, quoique difforme,
vente au grand public.
créateurs ou de documents écrits.
et d’autres êtres ancestraux. L’art repré-
L’invasion de l’Australie par les Euro-
sente également des sortilèges amou-
d’oeuvres d’art pariétal; celles qui sont
péens a eu un impact majeur sur les
reux et des images de sorcellerie, aux
créées de nos jours respectent les tra-
modes de vie traditionnels. Mais le clas-
figures humaines, qui se caractérisent
ditions millénaires, notamment de par
sement de la Terre d’Arnhem en réserve
par des organes génitaux difformes et
l’utilisation de supports anciens (écorce
aborigène en 1932 a permis d’assurer
des positions ridicules, destinés à porter
d’arbre, bandes de bois, fibres végé-
une certaine continuité culturelle. Les
malheur à un individu.
tales, didjeridoo, peinture sur corps,
connaissances ancestrales continuent
On produit aujourd’hui peu
etc.) même si de nouveaux supports
à se transmettre aux nouvelles géné-
Vie quotidienne
font leur apparition (papier Arches, gra-
rations à travers les cérémonies, les
L’art rupestre dépeint également des
vures et tissus imprimés à la main).
danses, les chansons et les récits, qui
scènes de chasse ou d’activités du quo-
sont représentés graphiquement dans
tidien ainsi que des armes (propulseurs
l’art pariétal et sur d’autres supports.
de lance, lances et harpons), des objets
De nos jours, l’art illustre toujours les
ART RUPESTRE
D’ARNHEM
EN TERRE
des contextes dans lesquels cette forme
AUSTRALIE
fondateurs, connus sous le nom de
Nayuhyunggi, ont parcouru le territoire, façonnant le paysage et créant
la vie sur leur passage. Ils ont aussi
donné naissance à la population, conçu
ses langues, ses lois et ses pratiques
socioculturelles et religieuses. Une fois
la création terminée, ces êtres se sont
fondus dans le paysage sous forme
de rochers, de rivières, d’arbres ou de
peintures rupestres. De nos jours, ce
sont des lieux sacrés car ils abritent
encore les esprits ancestraux et leurs
La peinture rupestre de la partie occi-
pouvoirs. Pour les préserver et assurer
dentale de la Terre d’Arnhem compte
la survie de tous les êtres vivants, les
parmi les traditions les plus anciennes et
aborigènes entretiennent ces lieux au
pinceaux traditionnels, on a recours
offre une des collections les plus com-
moyen de cérémonies, de chants, de
à quelques innovations telles que les
plètes de l’histoire de l’humanité. Cette
danses mais aussi de l’art rupestre.
(sacs, paniers et outils) et des ornements
peintures acrilyques et la colle, qui
exposition nous permet d’en découvrir
histoires de la création et souligne leur
corporels qui ne sont pas toujours conser-
permet au pigment de mieux se fixer
la richesse et la complexité ainsi que le
préhension du Djang que s’acquiert
lien permanent avec le territoire. C’est à
vés dans les archives archéologiques et
sur l’écorce ou le papier.
rapport que cette peinture entretient
graduellement tout au long de la vie,
travers l’art que la population apprend
qui illustrent bien la richesse matérielle
avec la tradition, le paysage, la société et
que la survie humaine est assurée.
à connaître les esprits, les plantes, les
de ces populations et des changements
rains exposent en Australie et à l’étran-
animaux et les cérémonies. Il renseigne
qu’elles ont vécues au fil du temps.
ger. Certains se sont même forgé une
Outre les pigments, les liants et les
De nombreux artistes contempo-
Ce n’est par cette profonde com-
la culture aborigènes.
Cet art, d’une grande beauté, nous
À l’heure actuelle, l’art rupestre
extraordinaires qui témoignent de l’évo-
Les cérémonies remplissent un rôle
signifie bien plus qu’une source d’inspi-
lution, de l’histoire et des changements
LA COLONISATION DE L’AUSTRALIE ET
L’ORIGINE DE L’ART RUPETRE
essentiel dans la bonne formation des
ration pour les nouveaux artistes. C’est
environnementaux qu’ont vécus ces
Occuper l’Australie fut l’un des grands
multiples significations. L’interprétation
nouvelles générations, dans l’échange
un patrimoine qui permet de défendre
populations. Pour les aborigènes, l’art est
défis de l’humanité puisque pour
première repose sur l’identification,
des matières premières et des outils,
à long terme la protection de leurs “ter-
une fenêtre sur la culture, conçue durant
atteindre ce pays, il fallait naviguer en
par ceux qui peuvent les reconnaître,
dans les adieux aux défunts, dans la
ritoires” contre des forces politiques et
des millénaires comme le moyen de
pleine mer. De nos jours, le débat est
d’animaux, de sujets ou d’activités.
coutume des mariages arrangés ou dans
économiques très puissantes. Il contri-
transmettre de génération en génération
ouvert sur le caractère intentionnel
Mais une même peinture peut contenir
la commémoration du Djang. Par leur
bue également au développement d’un
traditions et croyances. Dans le domaine
ou accidentel (peut-être en raison des
des significations cachées que seuls les
représentation dans l’art rupestre, que
toursime culturel durable, source de
public, c’est un support visuel destiné à
vents de mousson) du premier peuple-
initiés comprennent. Parfois même, ces
ce soit à travers une scène réaliste ou à
revenus, et participe à la mise en
former les nouvelles générations ou à il-
ment et sur les routes de colonisation
significations ne sont accessibles qu’à
travers l’animal qui y est associé, le spec-
valeur de l’histoire et de la culture
lustrer des histoires pour enfants. Dans le
du territoire. Des analyses génétiques
l’artiste ou aux anciens de haut rang,
tateur est transporté dans le monde du
aborigènes.
domaine sacré, comme les rites d’initia-
récentes semblent indiquer que toute
ceux-là même qui sont les gardiens de
sacré et des rituels.
sur la vie quotidienne et donne à voir
réputation internationale.
des situations de la vie courante ou
Cérémonies
l’environnement naturel. Nombre de
peintures rupestres recouvrent de
donne accès à des archives visuelles
tion par exemple, c’est une ressource
la population descend d’une même mi-
la connaissance culturelle et des lois
Galerie Anbangbang
utilisée pour un enseignement plus
gration, suffisamment importante pour
ancestrales.
La Galerie Anbangbang ex-
formel dispensé aux seuls initiés.
coloniser un territoire plus vaste que
Les abris sous roche peints offrent un
l’Europe. Cette occupation a eu lieu
ART ABORIGÈNE AU XXIE SIÈCLE
Les esprits Mimih
Les Mimih sont ces êtres de la création
qui ont appris aux Aborigènes tout ce
dont ils avaient besoin pour leur survie
ainsi que les différentes caractéristiques
des cérémonies. On estime que ces
esprits vivent encore dans les rochers
mais qu’ils sont difficiles à voir. On les
représente à travers des peintures et
des sculptures,
De nos jours, art et artisanant sont
encore étroitement liés aux traditions
rupestres du passé et au Djang, système
de croyances culturelles de ces populations. Artistes et artisans suivent toujours
des protocoles stricts qui établissent ce
que chaque artiste peut peindre ainsi
qu’un système traditionnel d’apprentissage qui guide l’artiste en formation
à travers les récits culturels qu’il doit
MUSEU DE PREHISTÒRIA DE VALÈNCIA
pose des peintures rupestres
entre 65000 et 50000 années environ.
parmi les plus emblématiques
récit en images sur le temps de la créa-
d’Australie. Elle a été fondée
tion mais aussi sur la vie quotidienne.
pendant les années soixante par
Le Djang, terme d’origine autochtone
le Nord pour se répartir sur l’ensemble
deux grands artistes, Nayombolmi
traduit de manière approximative en
du continent. Ils se sont adaptés à des
y Djimongurr. La scène représente
anglais par Dreaming (Temps du Rêve),
espaces environnementaux divers grâce
un manifeste de ces artistes face aux
recouvre les images, les croyances et
à des stratégies sociales et de fourrage
incursions sur leurs terres : notre loi
les pratiques socioculturelles qui y sont
variées. C’est leur activité de chas-
est toujours bien présente, nos an-
associées, comme les cérémonies, les
seurs, de cueilleurs et/ou de pêcheurs
cêtres sont toujours bien présents
danses, les récits et les chansons. Le
nomades ou semi-nomades qui leur ont
et notre peuple est toujours
Djang renvoie aux croyances, aux valeurs
permis de survivre jusqu’au XXè siècle.
bien présent.
et aux systèmes de connaissances qui
C’est ainsi que l’Australie est devenue
structurent la vie sociale de ces groupes
un continent de la diversité, aux den-
et qui jettent un pont entre le passé et
sités de population, aux traditions, aux
le présent. Dans le passé, les ancêtres
langues, aux pratiques socioculturelles
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Les premiers colons sont arrivés par
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et à la culture matérielle diversifiées.
ditions, les langues et même les formes
coupe en six saisons, qui conditionnent
pteridifolia). Les abeilles autochtones
et même les matériaux employés
ou échangés avec d’autres groupes.
Par exemple, on y parlait quelque 250
d’expression artistique diffèrent. Ces
leur vie et leur mobilité. Elles ne com-
les pollinisent. Le moment est venu de
permettent aux artistes d’entrer en
Les pigments sont réduits à l’état de
langues en 1978. La diversité régio-
groupes sont aussi distincts les uns des
mencent ni ne se terminent en même
récolter Mankung, le miel.
communion avec leur terre natale, leurs
poudre sur des dalles ou à même le
nale de styles et de techniques d’art
autres que ne le sont les Espagnols des
temps mais en fonction des change-
ancêtres et le Djang.
sol de l’abris puis sont mélangés avec
rupestre témoigne également de nettes
Italiens, des Allemands ou des Danois.
ments climatiques et d’ événements en-
Kurrungou
Les pigments de meilleure qualité,
des liants, comme la graisse ou le sang
vironnementaux climatiques, tels que la
Voici venue la saison chaude et sèche,
les plus prisés et les plus échangés,
d’animaux et éventuellement d’êtres
floraison ou la fructification des plantes,
où l’air est imprégné du parfum des
revêtent une signification symbolique
humains, ou comme la sève de l’orchi-
ou bien du comportement éthologique
plantes à fleurs, comme Manboyberre
particulière ainsi qu’une histoire du
dée Dendrobium sp.
des animaux.
( Syzgium forte, communément appe-
Djang qui leur est associée et qui régle-
lé pomme blanche) et Mandjarduk (
mente même les droits d’extraction ou
Quelles couleurs utilisent-ils?
différences symboliques.
L’art de la Terre d’Arnhem remonte
illustre les changements culturels et
LES PAYSAGES DU TEMPS DES RÊVES
environnementaux qui se sont pro-
La Terre d’Arnhem et le Parc National
duits dans le temps. Ces 400 dernières
de Kakadu se situent sur un territoire au
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet
Syzgium suborbiculare ou pomme du
le moment propice à la cueillette.
Les couleurs de base sont le jaune,
années, les styles traditionnels ont
climat de mousson qui se caractérise
Août Septembre Octobre Novembre
buisson rouge). Commence alors la
Différents supports sont utilisés pour
karlbo, le blanc, selek, le rouge, kun-
été enrichis d’images témoignant des
par un régime pluvieux saisonnier, avec
Décembre
chasse aux oiseaux aquatiques, tels que
représenter le Djangse. Le plus connu
rodjbe, et le noir, kunjirrke, qui sont
rencontres avec des populations étran-
une saison humide et une saison sèche.
Manimunak (canaroie semipalmé), Ngal-
est l’art pariétal mais d’autres supports
utilisés selon le statut social de chacun.
gères (navigateurs indonésiens, explora-
Ses escarpements, son plateau de grès,
Kudjewk
mangiyi (tortue à long cou du Nord),
tels que de grandes bandes d’écorce
Au contact des Européens, on adopte
teurs européens, colons britanniques et
ses plaines inondables et ses maré-
La mousson, avec ses fortes précipita-
grâce à kawurluwurlhme kunak (pratique
d’arbre (Eucalyptus tetradonta), des
le bleu, obtenu à partir d’un savon (bleu
missionnaires). De nos jours, les abris
cages constituent un refuge essentiel
tions, provoque Kudjarr (inondations et
du brûlis) pour éliminer kundalk (herbes
morceaux de bois et la peinture sur
pour l’azurage du linge) provenant
sous roche constituent une sorte d’en-
pour la faune et la flore de la région
eaux vives) et Kunmayorrk (vents vio-
basses) et pour chasser Kedjebe (Ara-
corps servent également aux représen-
des blanchisseries des missions. On
cyclopédie illustrée de l’histoire et de la
et un espace de ressources précieux
lents). Les fruits sont abondants et Yuk-
fura filesnake, une espèce de serpent
tations artistiques dans des contextes
crée aussi des motifs en écrasant sur la
mythologie aborigènes.
pour les populations humaines. En
kuyyukku (la lumière des lucioles) clignote
marin) sur le rivage des lagunes.
publics ou lors de rituels sacrés. Dans
roche des boules ou des bandes de cire
outre, ces paysages abritent une galerie
pendant la nuit pour indiquer que les
ce cas, les oeuvres sont généralement
d’abeille.
Les chemins de colonisation
d’art unique en plein air, où l’on peut
fruits des arbustes peuvent être cueillis.
L’archéologie et la tradition orale abori-
contempler les chefs d’oeuvre de nom-
gène indiquent que l’Australie a été co-
breuses générations d’artistes évoquant
Bangkerreng
lonisée par le Nord. Il n’en demeure pas
la création, le Djang, la culture et les
moins que la date de sa colonisation et
traditions ancestrales.
à au moins 28.000 ans. Son évolution
les voies de pénétration empruntées
Les Aborigènes continuent à entre-
Kunumeleng
détruites après la cérémonie.
C’est la saison de kangolmarnburren,
Selon le groupe auquel les popula-
Avec quoi peignent-ils?
où l’humidité augmente; kunngol (les
tions aborigènes appartiennent, leur
La peinture s’applique avec les doigts
Les Nakurl (tempêtes causées par des
nuages) et kunmayorrk (les vents), qui
identité les assigne à des catégories qui
mais aussi avec des pinceaux faits de
ouragans), qui arrivent du Koyek (Est)
viennent de plusieurs directions, se
régissent leurs droits et leurs devoirs
fibres naturelles ou de cheveux ou c’est
aplatissent les Manbedje yirridjdja
rejoignent. Les animaux entendent le
au sein de la société. Leur filiation
une peinture d’impression. Pour créer
font débat. Pour les Aborigènes, Yin-
tenir un lien particulier au territoire. Fi-
(herbes précoces). Les Manbedje duwa
kangurdulme (le tonnerre), signe du
détermine également les sujets qu’ils
des silhouettes de mains, de pieds et
garna, mère de la création, est arrivée
dèles à leurs connaissances ancestrales,
(herbes plus tardives) sont encore vertes
changement de saison. Namarrkon ka-
peuvent peindre, les couleurs qu’ils
d’objets, on pulvérise la peinture par
par la mer. Une fois sur la terre ferme,
ils associent la terre à tout ce qui y vit et
et continuent à pousser jusqu’à l’arrivée
mayhmayhke (les éclairs) indiquent que
peuvent utiliser, voire les proportions
la bouche; la salive se mêle alors à la
elle a planté des ignames et d’autres
racontent le passage des saisons mar-
de barra (pluies tardives). Le moment est
Ngalmangiyi (la tortue à long cou) et
et les figures qu’ils peuvent dessiner.
peinture pour faire partie intégrante de
aliments, a créé des puits à eau et ,avec
qué par les changements climatiques, la
venu de collecter les oeufs de canaroie
Kedjebe (le serpent marin) s’approchent
Les techniques de remplissage interne
l’œuvre. Le processus d’apprentissage
ses paniers, elle a donné naissance aux
floraison des plantes, l’hibernation des
semipalmé, Wirlarrk Manimunak, et de
du rivage et seront plus faciles à chasser.
(demi-cercles, losanges, lignes croisées,
implique la coopération de plusieurs
clans et aux langues.
reptiles, la migration des oiseaux, etc.
pêcher.
etc.) ne sont pas purement décoratives:
artistes sur un même motif.
Ils racontent également les exploits des
Flore et faune
elles sont le signe distinctif de l’appar-
Modes de vue et outils traditionnels
êtres de la création et les peignent, sous
Yekke
La flore et la faune sont essentielles
tenance à un clan. On les utilise égale-
Que nous disent ces peintures?
La Terre d’Arnhem a été habitée pen-
leur forme humaine ou animale, dans
La saison des pluies est terminée. La
dans l ‘alimentation et la mythologie
ment dans la peinture sur corps.
La tradition dicte non seulement le
dant 50.000 ans par différentes popula-
les lieux où ceux-ci habitent. Par des
baisse des températures et le vent qui
des Aborigènes. Certains animaux sont
tions aborigènes organisées en groupes
chansons, des danses, des récits oraux
souffle du Nord-Est à l’Ouest indiquent
le Djang ou le totem d’un clan, qui ne
Où peignent-ils?
elle impose aussi l’endroit où l’artiste
nomades qui se déplaçaient en fonction
et des cérémonies, ils commémorent
l’arrivée de la saison sèche. La présence
peut être chassé ni consommé par per-
Les populations aborigènes, qui pei-
doit commencer à peindre le motif. En
des ressources disponibles selon les
leurs actions et racontent les influences
de nombreuses djalangkarridjdjalangka-
sonne dans ce clan. Lors de certaines
gnaient traditionnellement sur les parois
outre, les trames utilisées pour remplir
saisons. Par conséquent, leur culture
bienveillantes ou maléfiques de ces der-
rridj (libellules) et la floraison de plantes
cérémonies, les Aborigènes adoptent
et les plafonds des abris sous roche
les figures, rarrk, qui se composent
matérielle, essentiellement constituée
niers. Ils rappellent aussi où et quand il
comme le Manbarndarr (Calytrix exstipu-
l’apparence de cet animal et en font
mais aussi sur les rochers en plein air,
de lignes parallèles ou croisées, de
de matériaux périssables, était rudi-
faut chasser, quelles règles il faut suivre
lata) et le Mandjedj j (Cochlospermum
des représentations artistiques.
ont ainsi donné naissance à l’art ru-
demi-cercles, de losanges, etc., per-
mentaire et facilement transportable.
pour trouver un partenaire, etc.
fraseri) sont le signe que la saison Yekke
pestre. Elles peignaient également sur
mettent de différencier les peintures
est arrivée.
l’écorce des arbres de leurs huttes. On
selon les différents clans.
La seule transformation du milieu qu’ils
La présence de multiples couches
style et les sujets représentés mais
opéraient reposait sur le brûlage sélectif
de peintures sur les parois d’un même
de la forêt.
abri signale l’importance sacrée qu’a ce
Wurrkeng
lieu, contrairement aux peintures, qui
Kunbonjdjek designe le climat frais,
Homogénéité culturelle?
sont remplacées par d’autres à mesure
LE PROCESSUS DE PRODUCTION
ARTISTIQUE
appelé koyek kunmayorrk quand les
Pour les Aborigènes, le processus de
ces populations décoraient des objets
Quand nous nous référons aux Abori-
qu’elles s’estompent.
vents soufflent de l’Est, De nombreuses
création artistique ne se limite pas aux
cérémoniels et leurs propres corps.
plantes fleurissent, comme Mandjalen (
techniques, aux matières premières
à nous représenter un groupe culturel
Les saisons
Eucalyptus miniata ou Eucalyptus à chair
ni aux outils. Il est synonyme de lien
Comment préparent-ils la peinture?
essentielles pour comprendre les signifi-
homogène. Or, il en existe des cen-
Pour les populations aborigènes de
laineuse), Manbordokorr (Eucalyptus
profond avec la culture. Les sujets re-
On utilise pour peindre des miné-
cations et les fonctions multiples de l’art
taines, dont les cultures, les lois, les tra-
cette région, le cycle annuel se dé-
tetrodonta) et Mandadjek (Grevillea
présentés, les lieux choisis pour peindre
raux naturels collectés dans la nature
aborigène récent ainsi que la variété
gènes australiens, nous avons tendance
utilisait également lors des cérémonies
les écorces, qui étaient détruites une
fois les cérémonies terminées. Enfin,
ETHNOARCHÉOLOGIE
ET ART RUPESTRE
Les informations ethnographiques sont
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