
La néolithisation de la Méditerranée occidentale: sur la piste des pionniers ?
Jean Guilaine
Garyfalia Metallinou
Jean François Berger
2016
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Del neolític a l’edat del bronze en el Mediterrani occidental.
Estudis en homenatge a Bernat Martí Oliver.
TV SIP 119, València, 2016, p. 27-34.
La néolithisation de la Méditerranée occidentale :
sur la piste des pionniers ?
Jean Guilaine, Garyfalia Metallinou et Jean-François Berger
résumé
La grotte des Arene Candide (Finale Ligure, Italie) est caractérisée, dans les niveaux du Néolithique ancien, par une céramique
originale décorée selon la technique du « sillon d’impressions ». Il en résulte un faciès particulier, connu depuis les publications
de L. Bernabò Brea, qui se distingue des autres groupes à poterie imprimée (« impressa ») de la péninsule italique. Or, au
cours de ces dernières années, plusieurs sites relevant de cet horizon culturel ont été reconnus en France méridionale et en
Espagne méditerranéenne. Les datations radiocarbone indiquent clairement qu’il s’agit d’un horizon précoce, contemporain
de la première diffusion du Néolithique en Méditerranée occidentale et antérieur au développement du « Cardial » jusqu’ici
considéré comme la plus ancienne version néolithique de l’Ouest méditerranéen. Mais ce faciès a-t-il émergé en Ligurie
même ? La présente enquête montre qu’en fait ce marqueur est déjà présent plus à l’Est, en Méditerranée sud-adriatique,
et qu’il est notamment attesté à Sidari (Grèce de l’Ouest) ainsi que sur d’autres sites siciliens ou italiques. On dispose donc
aujourd’hui d’un premier aperçu de gisements le plus souvent côtiers qui, de la Grèce occidentale à l’Andalousie, révèlent
l’existence d’une première « vague » néolithique ayant propagé, par voie maritime, l’économie de production.
mots clés
: Néolithisation, pionniérisme, céramique « impressa », sillon d’impressions, Méditerranée occidentale.
resumen
La neolitización del Mediterráneo occidental: ¿sobre la pista de los pioneros? En sus niveles del Neolítico antiguo, el yacimiento
ligur de Arene Candide (Finale Ligure, Italia) viene caracterizado por una cerámica original decorada con la técnica del sillon
d’impressions. Dicha cerámica, conocida desde las publicaciones de L. Bernabò Brea, determina una facies particular que se
distingue de las otras facies o grupos con cerámica impresa de la península itálica (grupos a impressa). Ahora bien, en el curso de
los últimos años, en el sur de Francia y en la España mediterránea, han sido reconocidos diversos yacimientos adscribibles a este
horizonte cultural. Las dataciones de radiocarbono indican claramente que se trata de un horizonte precoz, contemporáneo de la
primera difusión del Neolítico en el Mediterráneo occidental y anterior al desarrollo del “Cardial”, considerado tradicionalmente
este como la manifestación neolítica más antigua del oeste mediterráneo. La pregunta, sin embargo, es si esta facies u horizonte
ha surgido en la propia Liguria. El presente trabajo muestra que, de hecho, sus marcadores distintivos se encuentran ya presentes
más al este, en el Mediterráneo sur-adriático, atestiguados en Sidari (oeste de Grecia) y en otros yacimientos de Sicilia y el sur
de la península italiana. Así pues, se cuenta hoy en día con un conjunto de yacimientos mayormente costeros que, desde Grecia
occidental hasta Andalucía, revelan la existencia de una primera “oleada” neolítica que habría propagado, por vía marítima, la
economía de producción.
p a l a b r a s c l a v e : Neolitización,
pionerismo, cerámica impresa, sillon d’impressions, Mediterráneo occidental.
Les modalités de la transmission de l’économie néolithique
du Proche-Orient à l’Occident méditerranéen ne sont pas
encore clairement établies dans le détail. En évoquant les
deux grandes artères de la propagation du Néolithique, l’une,
maritime par la Méditerranée, l’autre, terrestre par le bassin
du Danube, V. G. Childe s’en tenait à un scénario global
très schématique (Childe, 1925). Plus tard, L. Bernabò Brea,
adoptant cette thèse diffusionniste mais souhaitant approfondir
les caractères de cette transmission, rapprocha diverses
cultures à céramiques imprimées et considéra qu’elles avaient
été les vecteurs du Néolithique, du Levant jusqu’à la péninsule
Ibérique (Bernabò Brea, 1950). En les regroupant dans un
même horizon, il en minimisait volontairement les différences
alors que la variabilité morphologique et décorative de leurs
productions est souvent bien affirmée (Guilaine, 1976). De
plus les liens génétiques entre les groupes à poterie imprimée
de la Cilicie au Liban et ceux de Méditerranée centrale et
occidentale (Fuggazzola et al., 2002) ne sont pas démontrés à
partir de jalons géographiques continus. Outre les divergences
techniques, morphologiques et ornementales entre les poteries
de la Dark Faced Burnished Ware (Balossi Restelli, 2006) et
celles de l’Impressa italo-adriatique, les oppositions portent
aussi sur les caractères de l’habitat et sur le lithique (armatures
perçantes en Orient / flèches tranchantes en Méditerranée
centrale). On soustraira par ailleurs du Néolithique ancien
libanais les fameux poignards de Byblos (Cauvin, 1994) qui
semblent plutôt relever du PPNB par suite d’un mélange de
couches sur ce site (Garfinkel, 2004).
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J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Les difficultés à trouver des jalons insulaires dans cette
éventuelle diffusion méditerranéenne sont évidentes. C’est ainsi
que Chypre dont les relations maritimes avec le Levant-Nord
sont très précoces (Vigne et al., 2012) ne peut être considérée
comme un relais potentiel car la céramique ne s’y développe
que très tardivement lors de la culture de Sotira, au Ve millénaire avant notre ère. La présence sporadique à Khirokitia d’une
céramique grise plus ancienne manque de consistance pour être
valablement prise en compte (Dikaios, 1953).
Autre île importante dans une éventuelle transmission vers
l’Ouest, la Crète n’apporte pas de données convaincantes. Le
néolithique s’implante sur cette île à Cnossos vers 7000 / 6800
BC à un stade acéramique (Evans, 1964 ; Efstratiou et al.,
2004). Par contre le site n’est l’objet que de fréquentations peu
consistantes durant la plage du Néolithique ancien grec (- 6500
/ - 5800 BC). Son occupation reprend aux alentours de 5500
BC comme l’indiquent les datations des récentes interventions
de N. Efstratiou c’est-à-dire au Néolithique moyen. Un hiatus
semble donc exister à Cnossos entre l’horizon acéramique et
les premières strates avec poteries. Par leur style, ces dernières
relèvent globalement du Néolithique moyen, de sorte que les
dénominations de J. Evans les concernant (Early Neolithic I,
Early Neolithic II) peuvent prêter à confusion en regard de la
chronologie égéenne générale (Guilaine, 2003). Chypre et la
Crète ne semblent donc guère, en l’état des données, avoir été
des relais dans l’éventuelle propagation vers l’Ouest de céramiques imprimées orientales.
1. LES GROUPES NÉOLITHIQUES À CÉRAMIQUE
IMPRIMÉE DE MÉDITERRANÉE CENTRALE ET
OCCIDENTALE
Identifiés de longue date, ces premiers horizons néolithiques
ont été regroupés, en macro-analyse, en deux familles : les cultures a ceramica impressa de l’aire italo-adriatique (Bernabò
Brea, 1950 ; Batovic, 1966 ; Muller, 1994 ; Forenbaher et Miracle, 2014), le Cardial de l’arc nord-méditerranéen occidental (Bernabò Brea, 1946, 1956 ; Guilaine, 1976, 2007 ; Martí,
1977, 1980 ; Bernabeu, 1989), ce dernier considéré comme
une dérivation des précédentes. La progression des recherches
a permis d’introduire diverses subdivisions, géographiques et
chronologiques, au sein de ces deux grands ensembles. Ainsi,
dans l’aire adriatique, une phase à céramique impressa « archaïque » est-elle prolongée par des phases à céramique gravée ou peinte (Tiné, 1983 ; Pessina et Tiné, 2008). En Calabre
et Sicile, à un horizon également ancien (Kronio) succède la
culture de Stentinello. Plus au Nord, dans les Marche, se développe un faciès à céramique imprimée singulier plus tardif que
l’Impressa du Sud-Est (Ripabianca di Monterado) (Fugazzola
et al., 2002).
Sur le versant tyrrhénien (Latium, Ombrie, Toscane, Sardaigne, Corse), le Cardial connaît un faciès original à décoration géométrique dominante. En Ligurie s’épanouit un faciès a
ceramica impressa particulier, dit « ligure ».
De la Provence au Portugal, des nuances existent entre les
divers groupes régionaux du « Cardial franco-ibérique » : groupe de Provence-Languedoc, « Montserratien » catalan, Cardial
valencien, groupes d’Andalousie et du Portugal méridional. Par
la suite ces groupes cèderont la place à l’Épicardial, vaste en28
semble étalé du Rhône à l’Andalousie avec une large emprise sur les plateaux centraux de la péninsule Ibérique, lui aussi
empreint d’une certaine variabilité régionale. Au Portugal, un
Néolithique ancien II, très typé, succède au Cardial.
2. LA QUESTION LIGURIENNE
Cette diversité spatiale reconnue au sein des populations étalées de l’Adriatique au Portugal laisse ouverte la question de
leur déroulement chronologique interne et, surtout, de leurs interférences et de leurs enchaînements réciproques : comment
est-on passé d’un horizon à l’autre ? Quel héritage procède
d’un groupe voisin et quelle est la part de créativité de chacun ?
Quels sont les dénominateurs communs à plusieurs groupes et,
en revanche, les marqueurs spécifiques ? Nous aborderons ici
tout particulièrement le cas de la céramique impressa ligure,
longtemps considérée comme un faciès géographiquement limité mais dont l’intérêt semble avoir été sous-estimé dans les
processus de néolithisation ouest-méditerranéens.
L. Bernabò Brea avait remarqué que les styles céramiques
du Néolithique ancien de la grotte des Arene Candide (Finale
Ligure) s’originalisaient notamment par une technique décorative qui les isolait des autres groupes de la sphère italique. Rapprochée par cet auteur de la technique « stab and drag » (Bernabò Brea, 1956 : 59), on lui a donné par la suite l’expression
plus neutre de « sillon d’impressions » (grooved impressions)
dans la mesure où elle produit des sortes de cannelures caractérisées en leur intérieur par une succession d’impressions en file.
Dans le détail, technique et rendu peuvent varier : cannelures
accentuées à impressions successives rapprochées, impressions
plus distantes sur un même axe, sillons profonds régulièrement
sectionnés, etc. C’est ce marqueur techno-décoratif qui a permis
d’isoler un style « Arene Candide » parmi les autres groupes
néolithiques ouest-méditerranéens (fig. 1) (Bernabò Brea, 1946,
1956 ; Maggi, 1997 ; Tiné, 1999). En Ligurie même d’autres
cavités ont livré cette variété de céramique décorée (grotta Pollera, Arma di Nasino) (Odetti, 2002 ; Scotti et Maggi, 2002).
Fig. 1. Grotte des Arene Candide (Finale Ligure, Italie). Vase
néolithique décoré selon la technique du « sillon d’impressions »
(cliché Musée de Finale Ligure).
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La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
Fig. 2. Peiro Signado (Portiragnes, France). Éléments céramiques à
décor de sillons d’impressions.
Fig. 3. Pont de Roque Haute (Portiragnes, France). Éléments
céramiques à décor de sillons d’impressions.
On a par la suite découvert plusieurs sites sur le littoral méditerranéen français ou proches de celui-ci qui ont pu être rattachés à ce même faciès : Caucade (Alpes-Maritimes), (Binder
et al., 1993), Peiro Signado (Hérault) (Roudil, 1990 ; Briois et
Manen, 2009) (fig. 3), Pont de Roque Haute (Hérault) (Guilaine,
Manen et Vigne, 2007) (fig. 2), grotte Gazel (Guilaine, 1970),
Petite grotte de Bize (Aude), grotte des Fées à Leucate (Aude)
(Guilaine, 1993). Plus récemment ont eu lieu les premières reconnaissances de ce faciès en Espagne : site d’El Barranquet
(Valencia) (Bernabeu et al., 2009), Mas d’Is (Valencia) (Bernabeu et Martí, 2014), Cueva de Nerja (García Borja et al., 2011,
Cortés Sánchez et al., 2012). Cette liste est seulement indicative. Il est vraisemblable que la reconnaissance d’autres sites
se poursuivra dans la péninsule Ibérique. Toutefois la technique
du « sillon d’impressions » se retrouvera en Espagne dans des
faciès néolithiques plus récents, voire à l’âge du Bronze (style
« Boquique ») et on évitera de les décompter dans les inventaires liés à l’impressa ligure (sur ce sujet Alday, 2009). Le style
« Arene Candide » se caractérise par des motifs en chevrons
ou perpendiculaires, privilégiant donc des dispositions de sens
contrarié. Au contraire beaucoup de sites ibériques affectionnent
des motifs « en guirlande » distincts de la céramique ligure et
n’entrant donc pas dans le même horizon culturel.
Avec l’identification de cette céramique a impressa ligure, puis la reconnaissance de sa propagation à l’Ouest de
la Ligurie, deux problèmes ont surgi : quelle est sa chrono-
logie ? s’agit-il d’une création ouest-méditerranéenne ou sa
souche est-elle plus orientale ? Une première donnée provient des datations livrées par les niveaux du Néolithique ancien de la grotte des Arene Candide dont plusieurs se situent
dans les tout premiers siècles du VIIe millénaire BP1 ce qui
les place dans un créneau proche, voire contemporain, des
plus anciennes datations obtenues dans le Sud-Est de la péninsule italique (Maggi, 1997). Les datations fournies par les
sites du Sud de la France montrent également qu’il s’agit des
plus anciennes manifestations néolithiques connues.2 Elles se
placent vers 5800-5700 BC. En Espagne le site de El Barranquet serait un peu plus récent (vers 5650 / 5550 BC) (Bernabeu et Martí, 2014).3
1 Italie : Arene Candide : UB-2423 : 6980±115 BP; LJ-4143 :
6910±110 BP; Beta-66553 : 6880±60 BP (datations sur charbons).
2 Sud de la France : Pont de Roque Haute : Ly-7607 : 6850±65 BP
(sur charbon). Beta-30895 : 6920±30 BP ; Beta-39895 : 6910±30
BP ; Beta-39895 : 6870±30 BP (sur Triticum dicoccum). Peiro Signado : Ly-8399 : 6770±55 BP ; Beta-330612 : 6670±40 BP ; Ly8400 : 6840±55 BP (sur charbons). De nouvelles dates sur graines,
inédites, confirment ces datations, voire les vieillissent un peu.
3 Espagne : El Barranquet : Beta-221431 : 6510±50 BP (Ovis aries).
Mas d’Is : Beta-239378 : 6600±40 BP (Monocotyledone). Cueva
de Nerja : Beta-13157 : 6590±40 BP (Ovis aries).
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J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Un premier enseignement tiré de ces données montre donc
l’existence de la Ligurie à l’Andalousie de fréquentations pionnières néolithiques antérieures au « Cardial franco-ibérique »
souvent considéré comme la plus ancienne culture néolithique
de l’Occident méditerranéen.
Un autre résultat de cette révision chrono-culturelle réside
dans le statut économique de cette première vague néolithisante.
Sur les habitats de plein air non perturbés par d’éventuels remaniements stratigraphiques, et notamment les deux sites de
Portiragnes (Hérault) (Pont de Roque Haute et Peiro Signado),
l’agriculture et l’élevage constituent la base de l’alimentation,
la chasse étant réduite à un rôle très mineur, quasi insignifiant
(Marinval, 2007 ; Vigne, 2007). Cette observation indique clairement qu’on se trouve face à des sites « pionniers » véhiculant
des techniques économiques exogènes, parfaitement maîtrisées.
Il faut donc envisager des groupes intrusifs dont la souche est à
rechercher plus à l’Est.
C’est pourquoi nous avons mené une enquête pour tâcher
de trouver des jalons de ce faciès Arene Candide dans le bassin
central de la Méditerranée. En dehors des sites ligures, nos recherches nous ont notamment permis de repérer trois sites, deux
insulaires, un continental.
- En Sicile le plus ancien niveau néolithique de la grotta del
Kronio (Antro Fazello), près de Sciacca, comporte un horizon à impressa archaïque dans lequel figure un vase sphérique à anse orné
de sillons d’impressions sub-parallèles selon la technique « Arene
Candide » (Tiné, 2002 : 749, bas, et renseignement E. Natali).
- En Ombrie, le site de La Lucciola près Panicarola, sur les
bords du lac Trasimène, a livré plusieurs éléments céramiques à
décor de sillons d’impressions et autres fragments proches des
séries des sites de Portiragnes (de Angelis et Moroni Lanfredini,
2004). Il convient de souligner la position plus nettement continentale de ce site, ce qui montre également une pénétration intérieure de ces groupes humains, peut-être à partir du versant adriatique. À cet effet il serait intéressant d’analyser en détail les matériaux issus de sites de la côte est, de l’Albanie à l’Istrie. À se fier
à certaines illustrations, on n’excluera pas la présence à vérifier de
possibles sillons d’impressions sur certains gisements de ce secteur : Pokrovnik (Muller, 1994 : pl. I, n° 3), Urbica (Muller, 1994 :
pl. 12, n° 3, pl. 15, n° 2), Jamina Sredi (Muller, 1994 : pl. 46, n° 6).
- Sur l’île del Giglio, dans l’archipel toscan, un ensemble
céramique présente une thématique décorative très proche de
celle des Arene Candide et des sites méridionaux de Portiragnes
(Brandaglia, 1991 ; Manen, 2000).
On insistera sur le fait que, dans l’ensemble des sites évoqués
ci-dessus, le décor de sillons d’impressions n’est pas exclusif. Il
est toujours l’une des composantes du répertoire ornemental d’un
groupe humain mais son originalité permet de le repérer comme
marqueur techno-culturel. Où donc chercher les plus anciennes
productions de ce type ? De récentes observations ont permis de
détecter sa présence parmi les séries céramiques du site de Sidari
dans l’île de Corfou. L’intérêt de cette reconnaissance réside dans
le fait que Sidari est actuellement le site le plus oriental connu
des groupes à poterie imprimée de Méditerranée centrale et occidentale. Les usagers de la technique du décor d’impressions ne
seraient-ils pas finalement parmi les « pionniers », les acteurs de
la colonisation néolithique en Méditerranée centrale et occidentale ? Leur présence potentielle en Grèce de l’Ouest constituerait
ici le point de départ de cette propagation.
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3. DE LA CÉRAMIQUE IMPRESSA À « SILLONS
D’IMPRESSIONS » EN GRÈCE DE L’OUEST ?
Fouillé en 1965-1966 (Sordinas, 1969) puis en 2004 (Metallinou, dir., 2004 ; Berger et al., 2014), le site de Sidari a récemment donné lieu à une révision de son interprétation stratigraphique. Les recherches d’A. Sordinas avaient permis d’observer
sur une partie aujourd’hui disparue du gisement la succession
suivante :
- Niveau D : « Escargotière » mésolithique – C14 : 7770±340 BP.
- Niveau C base : Néolithique initial (poterie et élevage) –
C14 : GXO-771 : 7670±120 BP.
- Hiatus.
- Niveau C sup : Néolithique ancien a impressa italo-adriatique – C14 : GXO-772 : 7340±180 BP.
Les datations C14 alors disponibles, affectées d’un important écart-type, ne pouvaient donner qu’une note chronologique
indicative.
De nouvelles fouilles de sauvetage ont eu lieu en 2004 sous
la direction de G. Metallinou, dans un secteur du site menacé par
l’avancée du front marin, à environ 50 m de la zone précédemment étudiée. Elles ont mis en évidence plusieurs occupations
datées par toute une série d’analyses C14. Les dépôts observés
peuvent être comparés à ceux reconnus par A. Sordinas avec
toutefois d’importantes précisions géomorphologiques et sédimentologiques révélant une complexité trop schématisée dans
les travaux antérieurs (Berger et al., 2014). De plus 18 datations
AMS affinent considérablement la périodisation observée :
- Mésolithique développé entre 7100 et 6600 BC.
- Néolithique initial (6450-6100 BC) subdivisé en deux phases.
- Niveau de destruction et aggradation fluviale.
- Néolithique ancien a impressa (6050-5960 BC).
Dans un souci de corréler les deux secteurs de la fouille,
nous avons procédé à un réexamen des séries céramiques du
Néolithique initial et du Néolithique ancien a impressa. L’intérêt
de cette approche était de mieux dater l’implantation du plus ancien Néolithique à Corfou dans le cadre de la diffusion néolithique, de caractériser le Néolithique « initial » dans le contexte
égéen, d’essayer de cerner le premier développement des céramiques à décor imprimé dans l’extrême Sud de l’Adriatique.
La comparaison entre les fouilles de 1965-1966 et 2004
montre que les deux secteurs, en dépit de données céramiques
dans les deux cas limitées, présentent de sensibles différences.
1. Dans la fouille Metallinou, le « Néolithique initial » n’est
représenté que par des poteries monochromes, à l’instar de ce
qui se passe dans les diverses régions de Grèce. La chronologie
de cette étape est fixée ici par diverses datations C14 qui montrent un développement de cette phase entre 6450 et 6110 BC,
c’est-à-dire en conformité avec la première moitié de la séquence égéenne du Néolithique ancien (6500/5800 BC). Lui succède
dans le secteur 2004 un Néolithique à décor d’impressions typique de la famille a ceramica impressa du Sud-Est italien et de la
côte dalmate. Cet horizon est ici daté (sur céréales) de 7170±40
BP (6050-5960 cal. BC).
2. Dans la fouille Sordinas, le Néolithique initial est caractérisé selon cet auteur par une céramique mal cuite ou cuite à
basse température, se désagrégeant dans l’eau, éventuellement
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La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
Fig. 4. Sidari (Corfou, Grèce). Reconstitution d’un récipient à décor
de sillons d’impressions.
Fig. 5. Sidari (Corfou, Grèce). Vue du détail du même récipient.
décorée par incisions (Sordinas, 1969 ; Perlès, 2001). De fait
le réexamen de cette série montre que cet horizon comporte au
moins deux composantes :
(7170±40 BP), obtenue sur grain de céréale, donne une plus
sûre précision à cet horizon (6062-5960 av. J.-C.). Il évite surtout l’écueil de l’effet « vieux bois » qui, dans un contexte local
de forêt mature « atlantique ancien » dominé par le chêne caducifolié (S. Thiébault com. pers.), peut parfaitement expliquer
le vieillissement de près de deux siècles observé entre la date
sur charbons de bois (non identifié spécifiquement) de la fouille
Sordinas et celle sur céréale récemment obtenue. Notons que
cette date est l’une des plus anciennes de toute l’aire adriatique
(McClure et al., 2014).
- de la céramique monochrome d’excellente qualité, bien
cuite, bien lissée, telle qu’on pourrait la trouver dans les plus
anciens horizons thessaliens. Ici toutefois s’arrête la comparaison car l’industrie lithique de Sidari est fondée sur un débitage
in situ d’éclats en silex locaux, ainsi que de rares pièces sur lames qui pourraient indiquer des contacts externes (Koczanowka
et Kozlowski, 2014). Cette industrie se démarque fortement de
celle de Grèce du nord où l’industrie laminaire sur silex blond
moucheté de source inconnue ou sur importations d’obsidienne
de Mélos tient une large place (Perlès, 2001).
- de la poterie mal cuite, grossière, à éléments dégraissants
apparents, à ornementation dans un cas de bandes en guirlandes
ornées de traits incisés ou impressions désordonnées.
Le Néolithique ancien italo-adriatique du site comporte,
pour sa part, divers tessons à décoration imprimée variée correspondant à des récipients sub-cylindriques ou sphériques à
léger pied, courtes incisions désordonnées ou en rangées subparallèles, sillons parallèles ou sécants, impressions en arceaux,
etc. C’est parmi cet ensemble que figurent les restes d’un récipient sub-sphérique, à pied circulaire, orné d’un motif traité en
« sillons d’impressions » (fig. 4 et 5). Ces sillons, qui semblent
couvrir la totalité de la surface externe du vase, sont disposés
en panneaux de rangées parallèles obliques combinées avec
d’autres panneaux de sens contrarié. Ce niveau avait fourni une
datation C14 de 7340±180 BP mais son écart-type et son ancienneté en regard du développement de la céramique imprimée
en Méditerranée centrale la rendaient peu utilisable. Une datation de l’horizon à poterie imprimée de la fouille Metallinou
4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
- La reconnaissance au sein du plus ancien Néolithique à poterie imprimée de Méditerranée centrale et occidentale, d’une
technique décorative particulière – le sillon d’impressions –
permet de suivre sur quelques sites généralement côtiers la propagation de ce marqueur original depuis la Grèce occidentale
(Corfou) jusqu’en Valencia et en Andalousie (Nerja). Ceci semble confirmer un processus de néolithisation par déplacements
maritimes (fig. 6)
- Au sein des sites dans lesquels cette technique orientale
a été reconnue, elle n’est jamais exclusive. D’autres motifs
l’accompagnent, indice qu’à l’intérieur d’un même groupe
humain plusieurs traditions décoratives sont à l’œuvre,
indiquant des traditions ornementales diverses sans doute
par le jeu des mariages et des filiations. Parmi les autres
marqueurs on citera les rangées d’impressions verticales à
la coquille sub-équidistantes, les faisceaux d’impressions
en arceaux, les impressions en pincement symétriques, etc.
L’originalité du sillon d’impressions pourrait indiquer une
filiation potière spécifique.
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J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Fig. 6. Répartition des sites du Néolithique ancien à céramique impressa à décor de sillons d’impressions en Méditerranée centrale et
occidentale cités dans le texte. La carte évoque clairement une propagation de type maritime. 1. Sidari (Grèce). 2. Kronio (Sicile, Italie).
3. Isola del Giglio (Italie). 4. La Lucciola (Panicarola, Italie). 5. Arene Candide (Finale, Italie). 6. Grotte Pollera (Italie). 7. Arma di Nasino
(Italie). 8. Caucade (France). 9. Pont de Roque-Haute (France). 10. Peiro Signado (France). 11. Petite grotte de Bize (France). 12. Grotte
Gazel (France). 13. Grotte des Fées (Leucate, France). 14. El Barranquet (Espagne). 15. Mas d’Is (Espagne). 16. Cueva de Nerja (Espagne).
- Les poteries à décor de « sillons d’impressions » sont notamment associées aux dépôts primaires du Néolithique ancien
à Sidari (Grèce), Kronio (Sicile), Arene Candide (Ligurie), Pont
de Roque Haute et Peiro Signado (Languedoc), El Barranquet et
Mas d’Is (Valencia). Il s’agit donc d’un marqueur de premier intérêt pour suivre le déplacement des « pionniers » néolithiques.
La répartition de ces sites indique une colonisation maritime par
implantations isolées, parfois distantes les unes des autres et
sans intégration à un réseau régional densifié.
- Il serait intéressant de jumeler cette expansion avec certaines
productions lithiques. Or l’industrie de cette première diffusion
est encore peu connue. La série la plus représentative provient du
site de Peiro Signado à Portiragnes (Hérault). Elle pourrait comporter une composante de style castelnovien (nombreux trapèzes
à retouches abruptes) (Briois, 2005). Tout particulièrement intéressante est l’association, avec les céramiques à sillons d’impressions,
d’éléments de faucilles composites disposés en insertion oblique
(Ibáñez-Estévez et al., sous presse). Cette façon d’armer les faucilles est connue dans les niveaux néolithiques inférieurs des Arene
Candide, à Peiro Signado, à Mas d’Is, à El Barranquet, à Nerja. Ce
marqueur technique correspond donc à une première vague néolithique que l’on pourrait relier avec les « pionniers » ici évoqués
sous l’angle céramique. Cette technique est déjà attestée à Chypre en contexte PPNB dès la première moitié du VIIIe millénaire
(Briois, 2011). En Méditerranée occidentale elle sera ensuite marginalisée au cours du Cardial au profit d’un modèle avec insertion
parallèle à l’axe du manche (Ibáñez-Estévez et al., sous presse).
- Ces documents céramiques peuvent servir à mesurer la vitesse de propagation du plus ancien Néolithique en Méditerranée de l’Ouest : présents en Grèce occidentale vers 6000 BC, ils
sont attestés en Espagne méditerranéenne vers 5650/5600 BC
(Bernabeu et Martí, 2014). La distance côtière approximative
parcourue (soit plus de 2500 km) en quatre siècles pourrait sug32
gérer, à titre d’hypothèse purement indicative, une progression
moyenne de plus de 6 km/an. Une transmission plus rapide encore, compte tenu des datations récemment obtenues pour les
sites de Portiragnes, n’est pas à exclure.
NOTE
Article réalisé dans le cadre des programmes de recherche ArcheoMed-Paléomex (L. Carozza et L. Lespez dirs.) et du programme
PROCOME « Prolongements de la néolithisation méditerranéenne »
de l’Agence Nationale de la Recherche – ANR-13-CULT-0001-01http://www.anrprocome.com/ (C. Manen dir.).
L’ensemble des datations AMS du site de Sidari (Grèce) a été
réalisé dans le cadre de l’appel d’offre Artémis-INSHS au Centre de
datations par le radiocarbone, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie, Lyon (C. Oberlin) et les mesures des teneurs en 14C à l’accélérateur ARTÉMIS, UMS 2572, Laboratoire de mesure du carbone
14 (LMC 14), Saclay (C. Moreau).
Les nouvelles datations sur céréales de Pont de Roque-Haute
(France) ont été réalisées dans le cadre du projet PROCOME de
l’Agence Nationale de la Recherche mentionné ci-dessus.
REMERCIEMENTS
Les auteurs adressent leurs vifs remerciements à François Briois
qui les a autorisés à illustrer ce texte par des vestiges céramiques
issus de sa fouille de Peiro Signado (Portiragnes, Hérault), à Claire
Manen qui a aimablement contribué à l’illustration de cet article et
qui leur a transmis les nouvelles datations de Pont de Roque-Haute
(Portiragnes, Hérault), à Isabelle Carrère et Christiane Guilaine qui
ont géré le manuscrit et les figures correspondantes, à Elena Natali
qui les a fait bénéficier d’informations sur le site de Kronio (Sicile).
Angeliki Koursari, architecte à l’Ephorie des Antiquités de Corfou,
a dessiné la céramique de Sidari illustrant le présent mémoire.
[page-n-7]
La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
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Del neolític a l’edat del bronze en el Mediterrani occidental.
Estudis en homenatge a Bernat Martí Oliver.
TV SIP 119, València, 2016, p. 27-34.
La néolithisation de la Méditerranée occidentale :
sur la piste des pionniers ?
Jean Guilaine, Garyfalia Metallinou et Jean-François Berger
résumé
La grotte des Arene Candide (Finale Ligure, Italie) est caractérisée, dans les niveaux du Néolithique ancien, par une céramique
originale décorée selon la technique du « sillon d’impressions ». Il en résulte un faciès particulier, connu depuis les publications
de L. Bernabò Brea, qui se distingue des autres groupes à poterie imprimée (« impressa ») de la péninsule italique. Or, au
cours de ces dernières années, plusieurs sites relevant de cet horizon culturel ont été reconnus en France méridionale et en
Espagne méditerranéenne. Les datations radiocarbone indiquent clairement qu’il s’agit d’un horizon précoce, contemporain
de la première diffusion du Néolithique en Méditerranée occidentale et antérieur au développement du « Cardial » jusqu’ici
considéré comme la plus ancienne version néolithique de l’Ouest méditerranéen. Mais ce faciès a-t-il émergé en Ligurie
même ? La présente enquête montre qu’en fait ce marqueur est déjà présent plus à l’Est, en Méditerranée sud-adriatique,
et qu’il est notamment attesté à Sidari (Grèce de l’Ouest) ainsi que sur d’autres sites siciliens ou italiques. On dispose donc
aujourd’hui d’un premier aperçu de gisements le plus souvent côtiers qui, de la Grèce occidentale à l’Andalousie, révèlent
l’existence d’une première « vague » néolithique ayant propagé, par voie maritime, l’économie de production.
mots clés
: Néolithisation, pionniérisme, céramique « impressa », sillon d’impressions, Méditerranée occidentale.
resumen
La neolitización del Mediterráneo occidental: ¿sobre la pista de los pioneros? En sus niveles del Neolítico antiguo, el yacimiento
ligur de Arene Candide (Finale Ligure, Italia) viene caracterizado por una cerámica original decorada con la técnica del sillon
d’impressions. Dicha cerámica, conocida desde las publicaciones de L. Bernabò Brea, determina una facies particular que se
distingue de las otras facies o grupos con cerámica impresa de la península itálica (grupos a impressa). Ahora bien, en el curso de
los últimos años, en el sur de Francia y en la España mediterránea, han sido reconocidos diversos yacimientos adscribibles a este
horizonte cultural. Las dataciones de radiocarbono indican claramente que se trata de un horizonte precoz, contemporáneo de la
primera difusión del Neolítico en el Mediterráneo occidental y anterior al desarrollo del “Cardial”, considerado tradicionalmente
este como la manifestación neolítica más antigua del oeste mediterráneo. La pregunta, sin embargo, es si esta facies u horizonte
ha surgido en la propia Liguria. El presente trabajo muestra que, de hecho, sus marcadores distintivos se encuentran ya presentes
más al este, en el Mediterráneo sur-adriático, atestiguados en Sidari (oeste de Grecia) y en otros yacimientos de Sicilia y el sur
de la península italiana. Así pues, se cuenta hoy en día con un conjunto de yacimientos mayormente costeros que, desde Grecia
occidental hasta Andalucía, revelan la existencia de una primera “oleada” neolítica que habría propagado, por vía marítima, la
economía de producción.
p a l a b r a s c l a v e : Neolitización,
pionerismo, cerámica impresa, sillon d’impressions, Mediterráneo occidental.
Les modalités de la transmission de l’économie néolithique
du Proche-Orient à l’Occident méditerranéen ne sont pas
encore clairement établies dans le détail. En évoquant les
deux grandes artères de la propagation du Néolithique, l’une,
maritime par la Méditerranée, l’autre, terrestre par le bassin
du Danube, V. G. Childe s’en tenait à un scénario global
très schématique (Childe, 1925). Plus tard, L. Bernabò Brea,
adoptant cette thèse diffusionniste mais souhaitant approfondir
les caractères de cette transmission, rapprocha diverses
cultures à céramiques imprimées et considéra qu’elles avaient
été les vecteurs du Néolithique, du Levant jusqu’à la péninsule
Ibérique (Bernabò Brea, 1950). En les regroupant dans un
même horizon, il en minimisait volontairement les différences
alors que la variabilité morphologique et décorative de leurs
productions est souvent bien affirmée (Guilaine, 1976). De
plus les liens génétiques entre les groupes à poterie imprimée
de la Cilicie au Liban et ceux de Méditerranée centrale et
occidentale (Fuggazzola et al., 2002) ne sont pas démontrés à
partir de jalons géographiques continus. Outre les divergences
techniques, morphologiques et ornementales entre les poteries
de la Dark Faced Burnished Ware (Balossi Restelli, 2006) et
celles de l’Impressa italo-adriatique, les oppositions portent
aussi sur les caractères de l’habitat et sur le lithique (armatures
perçantes en Orient / flèches tranchantes en Méditerranée
centrale). On soustraira par ailleurs du Néolithique ancien
libanais les fameux poignards de Byblos (Cauvin, 1994) qui
semblent plutôt relever du PPNB par suite d’un mélange de
couches sur ce site (Garfinkel, 2004).
27
[page-n-2]
J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Les difficultés à trouver des jalons insulaires dans cette
éventuelle diffusion méditerranéenne sont évidentes. C’est ainsi
que Chypre dont les relations maritimes avec le Levant-Nord
sont très précoces (Vigne et al., 2012) ne peut être considérée
comme un relais potentiel car la céramique ne s’y développe
que très tardivement lors de la culture de Sotira, au Ve millénaire avant notre ère. La présence sporadique à Khirokitia d’une
céramique grise plus ancienne manque de consistance pour être
valablement prise en compte (Dikaios, 1953).
Autre île importante dans une éventuelle transmission vers
l’Ouest, la Crète n’apporte pas de données convaincantes. Le
néolithique s’implante sur cette île à Cnossos vers 7000 / 6800
BC à un stade acéramique (Evans, 1964 ; Efstratiou et al.,
2004). Par contre le site n’est l’objet que de fréquentations peu
consistantes durant la plage du Néolithique ancien grec (- 6500
/ - 5800 BC). Son occupation reprend aux alentours de 5500
BC comme l’indiquent les datations des récentes interventions
de N. Efstratiou c’est-à-dire au Néolithique moyen. Un hiatus
semble donc exister à Cnossos entre l’horizon acéramique et
les premières strates avec poteries. Par leur style, ces dernières
relèvent globalement du Néolithique moyen, de sorte que les
dénominations de J. Evans les concernant (Early Neolithic I,
Early Neolithic II) peuvent prêter à confusion en regard de la
chronologie égéenne générale (Guilaine, 2003). Chypre et la
Crète ne semblent donc guère, en l’état des données, avoir été
des relais dans l’éventuelle propagation vers l’Ouest de céramiques imprimées orientales.
1. LES GROUPES NÉOLITHIQUES À CÉRAMIQUE
IMPRIMÉE DE MÉDITERRANÉE CENTRALE ET
OCCIDENTALE
Identifiés de longue date, ces premiers horizons néolithiques
ont été regroupés, en macro-analyse, en deux familles : les cultures a ceramica impressa de l’aire italo-adriatique (Bernabò
Brea, 1950 ; Batovic, 1966 ; Muller, 1994 ; Forenbaher et Miracle, 2014), le Cardial de l’arc nord-méditerranéen occidental (Bernabò Brea, 1946, 1956 ; Guilaine, 1976, 2007 ; Martí,
1977, 1980 ; Bernabeu, 1989), ce dernier considéré comme
une dérivation des précédentes. La progression des recherches
a permis d’introduire diverses subdivisions, géographiques et
chronologiques, au sein de ces deux grands ensembles. Ainsi,
dans l’aire adriatique, une phase à céramique impressa « archaïque » est-elle prolongée par des phases à céramique gravée ou peinte (Tiné, 1983 ; Pessina et Tiné, 2008). En Calabre
et Sicile, à un horizon également ancien (Kronio) succède la
culture de Stentinello. Plus au Nord, dans les Marche, se développe un faciès à céramique imprimée singulier plus tardif que
l’Impressa du Sud-Est (Ripabianca di Monterado) (Fugazzola
et al., 2002).
Sur le versant tyrrhénien (Latium, Ombrie, Toscane, Sardaigne, Corse), le Cardial connaît un faciès original à décoration géométrique dominante. En Ligurie s’épanouit un faciès a
ceramica impressa particulier, dit « ligure ».
De la Provence au Portugal, des nuances existent entre les
divers groupes régionaux du « Cardial franco-ibérique » : groupe de Provence-Languedoc, « Montserratien » catalan, Cardial
valencien, groupes d’Andalousie et du Portugal méridional. Par
la suite ces groupes cèderont la place à l’Épicardial, vaste en28
semble étalé du Rhône à l’Andalousie avec une large emprise sur les plateaux centraux de la péninsule Ibérique, lui aussi
empreint d’une certaine variabilité régionale. Au Portugal, un
Néolithique ancien II, très typé, succède au Cardial.
2. LA QUESTION LIGURIENNE
Cette diversité spatiale reconnue au sein des populations étalées de l’Adriatique au Portugal laisse ouverte la question de
leur déroulement chronologique interne et, surtout, de leurs interférences et de leurs enchaînements réciproques : comment
est-on passé d’un horizon à l’autre ? Quel héritage procède
d’un groupe voisin et quelle est la part de créativité de chacun ?
Quels sont les dénominateurs communs à plusieurs groupes et,
en revanche, les marqueurs spécifiques ? Nous aborderons ici
tout particulièrement le cas de la céramique impressa ligure,
longtemps considérée comme un faciès géographiquement limité mais dont l’intérêt semble avoir été sous-estimé dans les
processus de néolithisation ouest-méditerranéens.
L. Bernabò Brea avait remarqué que les styles céramiques
du Néolithique ancien de la grotte des Arene Candide (Finale
Ligure) s’originalisaient notamment par une technique décorative qui les isolait des autres groupes de la sphère italique. Rapprochée par cet auteur de la technique « stab and drag » (Bernabò Brea, 1956 : 59), on lui a donné par la suite l’expression
plus neutre de « sillon d’impressions » (grooved impressions)
dans la mesure où elle produit des sortes de cannelures caractérisées en leur intérieur par une succession d’impressions en file.
Dans le détail, technique et rendu peuvent varier : cannelures
accentuées à impressions successives rapprochées, impressions
plus distantes sur un même axe, sillons profonds régulièrement
sectionnés, etc. C’est ce marqueur techno-décoratif qui a permis
d’isoler un style « Arene Candide » parmi les autres groupes
néolithiques ouest-méditerranéens (fig. 1) (Bernabò Brea, 1946,
1956 ; Maggi, 1997 ; Tiné, 1999). En Ligurie même d’autres
cavités ont livré cette variété de céramique décorée (grotta Pollera, Arma di Nasino) (Odetti, 2002 ; Scotti et Maggi, 2002).
Fig. 1. Grotte des Arene Candide (Finale Ligure, Italie). Vase
néolithique décoré selon la technique du « sillon d’impressions »
(cliché Musée de Finale Ligure).
[page-n-3]
La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
Fig. 2. Peiro Signado (Portiragnes, France). Éléments céramiques à
décor de sillons d’impressions.
Fig. 3. Pont de Roque Haute (Portiragnes, France). Éléments
céramiques à décor de sillons d’impressions.
On a par la suite découvert plusieurs sites sur le littoral méditerranéen français ou proches de celui-ci qui ont pu être rattachés à ce même faciès : Caucade (Alpes-Maritimes), (Binder
et al., 1993), Peiro Signado (Hérault) (Roudil, 1990 ; Briois et
Manen, 2009) (fig. 3), Pont de Roque Haute (Hérault) (Guilaine,
Manen et Vigne, 2007) (fig. 2), grotte Gazel (Guilaine, 1970),
Petite grotte de Bize (Aude), grotte des Fées à Leucate (Aude)
(Guilaine, 1993). Plus récemment ont eu lieu les premières reconnaissances de ce faciès en Espagne : site d’El Barranquet
(Valencia) (Bernabeu et al., 2009), Mas d’Is (Valencia) (Bernabeu et Martí, 2014), Cueva de Nerja (García Borja et al., 2011,
Cortés Sánchez et al., 2012). Cette liste est seulement indicative. Il est vraisemblable que la reconnaissance d’autres sites
se poursuivra dans la péninsule Ibérique. Toutefois la technique
du « sillon d’impressions » se retrouvera en Espagne dans des
faciès néolithiques plus récents, voire à l’âge du Bronze (style
« Boquique ») et on évitera de les décompter dans les inventaires liés à l’impressa ligure (sur ce sujet Alday, 2009). Le style
« Arene Candide » se caractérise par des motifs en chevrons
ou perpendiculaires, privilégiant donc des dispositions de sens
contrarié. Au contraire beaucoup de sites ibériques affectionnent
des motifs « en guirlande » distincts de la céramique ligure et
n’entrant donc pas dans le même horizon culturel.
Avec l’identification de cette céramique a impressa ligure, puis la reconnaissance de sa propagation à l’Ouest de
la Ligurie, deux problèmes ont surgi : quelle est sa chrono-
logie ? s’agit-il d’une création ouest-méditerranéenne ou sa
souche est-elle plus orientale ? Une première donnée provient des datations livrées par les niveaux du Néolithique ancien de la grotte des Arene Candide dont plusieurs se situent
dans les tout premiers siècles du VIIe millénaire BP1 ce qui
les place dans un créneau proche, voire contemporain, des
plus anciennes datations obtenues dans le Sud-Est de la péninsule italique (Maggi, 1997). Les datations fournies par les
sites du Sud de la France montrent également qu’il s’agit des
plus anciennes manifestations néolithiques connues.2 Elles se
placent vers 5800-5700 BC. En Espagne le site de El Barranquet serait un peu plus récent (vers 5650 / 5550 BC) (Bernabeu et Martí, 2014).3
1 Italie : Arene Candide : UB-2423 : 6980±115 BP; LJ-4143 :
6910±110 BP; Beta-66553 : 6880±60 BP (datations sur charbons).
2 Sud de la France : Pont de Roque Haute : Ly-7607 : 6850±65 BP
(sur charbon). Beta-30895 : 6920±30 BP ; Beta-39895 : 6910±30
BP ; Beta-39895 : 6870±30 BP (sur Triticum dicoccum). Peiro Signado : Ly-8399 : 6770±55 BP ; Beta-330612 : 6670±40 BP ; Ly8400 : 6840±55 BP (sur charbons). De nouvelles dates sur graines,
inédites, confirment ces datations, voire les vieillissent un peu.
3 Espagne : El Barranquet : Beta-221431 : 6510±50 BP (Ovis aries).
Mas d’Is : Beta-239378 : 6600±40 BP (Monocotyledone). Cueva
de Nerja : Beta-13157 : 6590±40 BP (Ovis aries).
29
[page-n-4]
J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Un premier enseignement tiré de ces données montre donc
l’existence de la Ligurie à l’Andalousie de fréquentations pionnières néolithiques antérieures au « Cardial franco-ibérique »
souvent considéré comme la plus ancienne culture néolithique
de l’Occident méditerranéen.
Un autre résultat de cette révision chrono-culturelle réside
dans le statut économique de cette première vague néolithisante.
Sur les habitats de plein air non perturbés par d’éventuels remaniements stratigraphiques, et notamment les deux sites de
Portiragnes (Hérault) (Pont de Roque Haute et Peiro Signado),
l’agriculture et l’élevage constituent la base de l’alimentation,
la chasse étant réduite à un rôle très mineur, quasi insignifiant
(Marinval, 2007 ; Vigne, 2007). Cette observation indique clairement qu’on se trouve face à des sites « pionniers » véhiculant
des techniques économiques exogènes, parfaitement maîtrisées.
Il faut donc envisager des groupes intrusifs dont la souche est à
rechercher plus à l’Est.
C’est pourquoi nous avons mené une enquête pour tâcher
de trouver des jalons de ce faciès Arene Candide dans le bassin
central de la Méditerranée. En dehors des sites ligures, nos recherches nous ont notamment permis de repérer trois sites, deux
insulaires, un continental.
- En Sicile le plus ancien niveau néolithique de la grotta del
Kronio (Antro Fazello), près de Sciacca, comporte un horizon à impressa archaïque dans lequel figure un vase sphérique à anse orné
de sillons d’impressions sub-parallèles selon la technique « Arene
Candide » (Tiné, 2002 : 749, bas, et renseignement E. Natali).
- En Ombrie, le site de La Lucciola près Panicarola, sur les
bords du lac Trasimène, a livré plusieurs éléments céramiques à
décor de sillons d’impressions et autres fragments proches des
séries des sites de Portiragnes (de Angelis et Moroni Lanfredini,
2004). Il convient de souligner la position plus nettement continentale de ce site, ce qui montre également une pénétration intérieure de ces groupes humains, peut-être à partir du versant adriatique. À cet effet il serait intéressant d’analyser en détail les matériaux issus de sites de la côte est, de l’Albanie à l’Istrie. À se fier
à certaines illustrations, on n’excluera pas la présence à vérifier de
possibles sillons d’impressions sur certains gisements de ce secteur : Pokrovnik (Muller, 1994 : pl. I, n° 3), Urbica (Muller, 1994 :
pl. 12, n° 3, pl. 15, n° 2), Jamina Sredi (Muller, 1994 : pl. 46, n° 6).
- Sur l’île del Giglio, dans l’archipel toscan, un ensemble
céramique présente une thématique décorative très proche de
celle des Arene Candide et des sites méridionaux de Portiragnes
(Brandaglia, 1991 ; Manen, 2000).
On insistera sur le fait que, dans l’ensemble des sites évoqués
ci-dessus, le décor de sillons d’impressions n’est pas exclusif. Il
est toujours l’une des composantes du répertoire ornemental d’un
groupe humain mais son originalité permet de le repérer comme
marqueur techno-culturel. Où donc chercher les plus anciennes
productions de ce type ? De récentes observations ont permis de
détecter sa présence parmi les séries céramiques du site de Sidari
dans l’île de Corfou. L’intérêt de cette reconnaissance réside dans
le fait que Sidari est actuellement le site le plus oriental connu
des groupes à poterie imprimée de Méditerranée centrale et occidentale. Les usagers de la technique du décor d’impressions ne
seraient-ils pas finalement parmi les « pionniers », les acteurs de
la colonisation néolithique en Méditerranée centrale et occidentale ? Leur présence potentielle en Grèce de l’Ouest constituerait
ici le point de départ de cette propagation.
30
3. DE LA CÉRAMIQUE IMPRESSA À « SILLONS
D’IMPRESSIONS » EN GRÈCE DE L’OUEST ?
Fouillé en 1965-1966 (Sordinas, 1969) puis en 2004 (Metallinou, dir., 2004 ; Berger et al., 2014), le site de Sidari a récemment donné lieu à une révision de son interprétation stratigraphique. Les recherches d’A. Sordinas avaient permis d’observer
sur une partie aujourd’hui disparue du gisement la succession
suivante :
- Niveau D : « Escargotière » mésolithique – C14 : 7770±340 BP.
- Niveau C base : Néolithique initial (poterie et élevage) –
C14 : GXO-771 : 7670±120 BP.
- Hiatus.
- Niveau C sup : Néolithique ancien a impressa italo-adriatique – C14 : GXO-772 : 7340±180 BP.
Les datations C14 alors disponibles, affectées d’un important écart-type, ne pouvaient donner qu’une note chronologique
indicative.
De nouvelles fouilles de sauvetage ont eu lieu en 2004 sous
la direction de G. Metallinou, dans un secteur du site menacé par
l’avancée du front marin, à environ 50 m de la zone précédemment étudiée. Elles ont mis en évidence plusieurs occupations
datées par toute une série d’analyses C14. Les dépôts observés
peuvent être comparés à ceux reconnus par A. Sordinas avec
toutefois d’importantes précisions géomorphologiques et sédimentologiques révélant une complexité trop schématisée dans
les travaux antérieurs (Berger et al., 2014). De plus 18 datations
AMS affinent considérablement la périodisation observée :
- Mésolithique développé entre 7100 et 6600 BC.
- Néolithique initial (6450-6100 BC) subdivisé en deux phases.
- Niveau de destruction et aggradation fluviale.
- Néolithique ancien a impressa (6050-5960 BC).
Dans un souci de corréler les deux secteurs de la fouille,
nous avons procédé à un réexamen des séries céramiques du
Néolithique initial et du Néolithique ancien a impressa. L’intérêt
de cette approche était de mieux dater l’implantation du plus ancien Néolithique à Corfou dans le cadre de la diffusion néolithique, de caractériser le Néolithique « initial » dans le contexte
égéen, d’essayer de cerner le premier développement des céramiques à décor imprimé dans l’extrême Sud de l’Adriatique.
La comparaison entre les fouilles de 1965-1966 et 2004
montre que les deux secteurs, en dépit de données céramiques
dans les deux cas limitées, présentent de sensibles différences.
1. Dans la fouille Metallinou, le « Néolithique initial » n’est
représenté que par des poteries monochromes, à l’instar de ce
qui se passe dans les diverses régions de Grèce. La chronologie
de cette étape est fixée ici par diverses datations C14 qui montrent un développement de cette phase entre 6450 et 6110 BC,
c’est-à-dire en conformité avec la première moitié de la séquence égéenne du Néolithique ancien (6500/5800 BC). Lui succède
dans le secteur 2004 un Néolithique à décor d’impressions typique de la famille a ceramica impressa du Sud-Est italien et de la
côte dalmate. Cet horizon est ici daté (sur céréales) de 7170±40
BP (6050-5960 cal. BC).
2. Dans la fouille Sordinas, le Néolithique initial est caractérisé selon cet auteur par une céramique mal cuite ou cuite à
basse température, se désagrégeant dans l’eau, éventuellement
[page-n-5]
La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
Fig. 4. Sidari (Corfou, Grèce). Reconstitution d’un récipient à décor
de sillons d’impressions.
Fig. 5. Sidari (Corfou, Grèce). Vue du détail du même récipient.
décorée par incisions (Sordinas, 1969 ; Perlès, 2001). De fait
le réexamen de cette série montre que cet horizon comporte au
moins deux composantes :
(7170±40 BP), obtenue sur grain de céréale, donne une plus
sûre précision à cet horizon (6062-5960 av. J.-C.). Il évite surtout l’écueil de l’effet « vieux bois » qui, dans un contexte local
de forêt mature « atlantique ancien » dominé par le chêne caducifolié (S. Thiébault com. pers.), peut parfaitement expliquer
le vieillissement de près de deux siècles observé entre la date
sur charbons de bois (non identifié spécifiquement) de la fouille
Sordinas et celle sur céréale récemment obtenue. Notons que
cette date est l’une des plus anciennes de toute l’aire adriatique
(McClure et al., 2014).
- de la céramique monochrome d’excellente qualité, bien
cuite, bien lissée, telle qu’on pourrait la trouver dans les plus
anciens horizons thessaliens. Ici toutefois s’arrête la comparaison car l’industrie lithique de Sidari est fondée sur un débitage
in situ d’éclats en silex locaux, ainsi que de rares pièces sur lames qui pourraient indiquer des contacts externes (Koczanowka
et Kozlowski, 2014). Cette industrie se démarque fortement de
celle de Grèce du nord où l’industrie laminaire sur silex blond
moucheté de source inconnue ou sur importations d’obsidienne
de Mélos tient une large place (Perlès, 2001).
- de la poterie mal cuite, grossière, à éléments dégraissants
apparents, à ornementation dans un cas de bandes en guirlandes
ornées de traits incisés ou impressions désordonnées.
Le Néolithique ancien italo-adriatique du site comporte,
pour sa part, divers tessons à décoration imprimée variée correspondant à des récipients sub-cylindriques ou sphériques à
léger pied, courtes incisions désordonnées ou en rangées subparallèles, sillons parallèles ou sécants, impressions en arceaux,
etc. C’est parmi cet ensemble que figurent les restes d’un récipient sub-sphérique, à pied circulaire, orné d’un motif traité en
« sillons d’impressions » (fig. 4 et 5). Ces sillons, qui semblent
couvrir la totalité de la surface externe du vase, sont disposés
en panneaux de rangées parallèles obliques combinées avec
d’autres panneaux de sens contrarié. Ce niveau avait fourni une
datation C14 de 7340±180 BP mais son écart-type et son ancienneté en regard du développement de la céramique imprimée
en Méditerranée centrale la rendaient peu utilisable. Une datation de l’horizon à poterie imprimée de la fouille Metallinou
4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
- La reconnaissance au sein du plus ancien Néolithique à poterie imprimée de Méditerranée centrale et occidentale, d’une
technique décorative particulière – le sillon d’impressions –
permet de suivre sur quelques sites généralement côtiers la propagation de ce marqueur original depuis la Grèce occidentale
(Corfou) jusqu’en Valencia et en Andalousie (Nerja). Ceci semble confirmer un processus de néolithisation par déplacements
maritimes (fig. 6)
- Au sein des sites dans lesquels cette technique orientale
a été reconnue, elle n’est jamais exclusive. D’autres motifs
l’accompagnent, indice qu’à l’intérieur d’un même groupe
humain plusieurs traditions décoratives sont à l’œuvre,
indiquant des traditions ornementales diverses sans doute
par le jeu des mariages et des filiations. Parmi les autres
marqueurs on citera les rangées d’impressions verticales à
la coquille sub-équidistantes, les faisceaux d’impressions
en arceaux, les impressions en pincement symétriques, etc.
L’originalité du sillon d’impressions pourrait indiquer une
filiation potière spécifique.
31
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J. Guilaine, G. Metallinou et J.-F. Berger
Fig. 6. Répartition des sites du Néolithique ancien à céramique impressa à décor de sillons d’impressions en Méditerranée centrale et
occidentale cités dans le texte. La carte évoque clairement une propagation de type maritime. 1. Sidari (Grèce). 2. Kronio (Sicile, Italie).
3. Isola del Giglio (Italie). 4. La Lucciola (Panicarola, Italie). 5. Arene Candide (Finale, Italie). 6. Grotte Pollera (Italie). 7. Arma di Nasino
(Italie). 8. Caucade (France). 9. Pont de Roque-Haute (France). 10. Peiro Signado (France). 11. Petite grotte de Bize (France). 12. Grotte
Gazel (France). 13. Grotte des Fées (Leucate, France). 14. El Barranquet (Espagne). 15. Mas d’Is (Espagne). 16. Cueva de Nerja (Espagne).
- Les poteries à décor de « sillons d’impressions » sont notamment associées aux dépôts primaires du Néolithique ancien
à Sidari (Grèce), Kronio (Sicile), Arene Candide (Ligurie), Pont
de Roque Haute et Peiro Signado (Languedoc), El Barranquet et
Mas d’Is (Valencia). Il s’agit donc d’un marqueur de premier intérêt pour suivre le déplacement des « pionniers » néolithiques.
La répartition de ces sites indique une colonisation maritime par
implantations isolées, parfois distantes les unes des autres et
sans intégration à un réseau régional densifié.
- Il serait intéressant de jumeler cette expansion avec certaines
productions lithiques. Or l’industrie de cette première diffusion
est encore peu connue. La série la plus représentative provient du
site de Peiro Signado à Portiragnes (Hérault). Elle pourrait comporter une composante de style castelnovien (nombreux trapèzes
à retouches abruptes) (Briois, 2005). Tout particulièrement intéressante est l’association, avec les céramiques à sillons d’impressions,
d’éléments de faucilles composites disposés en insertion oblique
(Ibáñez-Estévez et al., sous presse). Cette façon d’armer les faucilles est connue dans les niveaux néolithiques inférieurs des Arene
Candide, à Peiro Signado, à Mas d’Is, à El Barranquet, à Nerja. Ce
marqueur technique correspond donc à une première vague néolithique que l’on pourrait relier avec les « pionniers » ici évoqués
sous l’angle céramique. Cette technique est déjà attestée à Chypre en contexte PPNB dès la première moitié du VIIIe millénaire
(Briois, 2011). En Méditerranée occidentale elle sera ensuite marginalisée au cours du Cardial au profit d’un modèle avec insertion
parallèle à l’axe du manche (Ibáñez-Estévez et al., sous presse).
- Ces documents céramiques peuvent servir à mesurer la vitesse de propagation du plus ancien Néolithique en Méditerranée de l’Ouest : présents en Grèce occidentale vers 6000 BC, ils
sont attestés en Espagne méditerranéenne vers 5650/5600 BC
(Bernabeu et Martí, 2014). La distance côtière approximative
parcourue (soit plus de 2500 km) en quatre siècles pourrait sug32
gérer, à titre d’hypothèse purement indicative, une progression
moyenne de plus de 6 km/an. Une transmission plus rapide encore, compte tenu des datations récemment obtenues pour les
sites de Portiragnes, n’est pas à exclure.
NOTE
Article réalisé dans le cadre des programmes de recherche ArcheoMed-Paléomex (L. Carozza et L. Lespez dirs.) et du programme
PROCOME « Prolongements de la néolithisation méditerranéenne »
de l’Agence Nationale de la Recherche – ANR-13-CULT-0001-01http://www.anrprocome.com/ (C. Manen dir.).
L’ensemble des datations AMS du site de Sidari (Grèce) a été
réalisé dans le cadre de l’appel d’offre Artémis-INSHS au Centre de
datations par le radiocarbone, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie, Lyon (C. Oberlin) et les mesures des teneurs en 14C à l’accélérateur ARTÉMIS, UMS 2572, Laboratoire de mesure du carbone
14 (LMC 14), Saclay (C. Moreau).
Les nouvelles datations sur céréales de Pont de Roque-Haute
(France) ont été réalisées dans le cadre du projet PROCOME de
l’Agence Nationale de la Recherche mentionné ci-dessus.
REMERCIEMENTS
Les auteurs adressent leurs vifs remerciements à François Briois
qui les a autorisés à illustrer ce texte par des vestiges céramiques
issus de sa fouille de Peiro Signado (Portiragnes, Hérault), à Claire
Manen qui a aimablement contribué à l’illustration de cet article et
qui leur a transmis les nouvelles datations de Pont de Roque-Haute
(Portiragnes, Hérault), à Isabelle Carrère et Christiane Guilaine qui
ont géré le manuscrit et les figures correspondantes, à Elena Natali
qui les a fait bénéficier d’informations sur le site de Kronio (Sicile).
Angeliki Koursari, architecte à l’Ephorie des Antiquités de Corfou,
a dessiné la céramique de Sidari illustrant le présent mémoire.
[page-n-7]
La néolithisation de la Méditerranée occidentale : sur la piste des pionniers ?
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